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Le budget du prochain Farm Bill (2012) pourrait être amputé de huit à dix milliards (G) de dollars américains par an sans que l’offre alimentaire des États-Unis ni la viabilité financière des agriculteurs n’en soient vraiment affectées.
C’est en tout cas l’avis de l’American Enterprise Institute (Institut), un groupe d’analyse d’inspiration néolibérale, exposé dans une série d’études publiée le 12 juillet dernier. Cet organisme soutient que les aides versées aux producteurs de coton, de lait et de sucre doivent être abandonnées parce qu’elles sont inefficaces et dépassées. Il en va de même pour les soutiens accordés aux producteurs de maïs et d’autres cultures, versés sous forme de paiements directs ou de paiement contracycliques, ajoute le groupe de recherche basé à Washington, dont l’orientation fait penser à l’Institut économique de Montréal. L’Institut estime par ailleurs que les subventions vont trop souvent à des exploitations déjà rentables alors qu’elles aident peu les fermes qui en ont vraiment besoin. Ces compressions de 10 G$ au Farm Bill 2012 s’imposent pour réduire le déficit de l’État, qui risque d’atteindre 1,4 trillion de dollars en 2011. Une telle proposition tombe à point au moment où démocrates et républicains s’affrontent avec virulence sur les conditions d’une hausse du plafond d’emprunt des États-Unis.
L’Institut signale que le Farm Bill adopté en 2008 a dépassé les 284 G$ anticipés par le Congrès américain. En fait, le total s’est élevé à 307 G$, en raison des dépenses supérieures en aide alimentaire, en assurance récolte et « du très coûteux programme catastrophe » pour les cultures. L’Institut a produit 12 études, dont une sur la politique laitière américaine, au titre évocateur « Milking Consumers et Taxpayers. The Folly of US Dairy Policy ».
Politique laitière
Le gouvernement a mis en place des mesures qui haussent artificiellement le revenu des producteurs de lait et, par conséquent, le prix du lait aux consommateurs, avance l’auteur Joseph V. Balagtas. Et cela sans protéger adéquatement les producteurs laitiers de la volatilité des prix du lait et des aliments donnés aux vaches. Au total, ces programmes coûtent plus de 1,5 G$ par an aux citoyens américains. Les ordonnances fédérales de commercialisation du lait (Milk Marketing Orders), qui fixent des prix minimums pour le lait, coûtent 420 M$ par an aux consommateurs, alors qu’elles ne haussent le revenu à la ferme que de 3 % seulement (293 M$), dit-il. Prévue pour donner un rapport de force aux producteurs laitiers, cette mesure est désuète, car les coopératives laitières contrôlent maintenant plus de 80 % du lait produit aux États-Unis. Les programmes de subventions du lait (Dairy Price Support Program-DPSP et Milk Income Loss Contract-MILC) coûtent 1,3 G$ par an aux contribuables étatsuniens. Le prix de soutien (DPSP) permet au gouvernement d’acheter du fromage, du beurre et de la poudre de lait afin de maintenir le prix des produits laitiers. Entre 2006 et 2010, les contribuables y ont versé 384 M$ par an. Quant au MILC, il s’élève en moyenne à 913 M$ par an, dit M. Balagtas. Outre leur coût, ces programmes ralentissent l’innovation, maintiennent des petites fermes laitières inefficaces et pénalisent les grandes fermes laitières performantes. Il faut donc abroger ces programmes et les remplacer par des outils financiers comme des contrats à long terme, des produits dérivés et des assurances du revenu, dit l’Institut.
Gestion de l’offre
L’Institut estime par ailleurs que les mesures de gestion de l’offre suggérées par la National Milk Producers Federation, par Agri-Mark Cooperatives ou par des élus ne sont pas pertinentes. En gros, ces organismes proposent d’accorder un quota à chaque producteur, sur sa base historique de production. Un producteur qui dépasse son quota paierait une pénalité qui serait redistribuée aux producteurs conformes ou qui financerait des activités pour mousser la demande de produits laitiers. L’Institut soutient que ces pénalités grèveraient les fermes plus performantes au bénéfice des moins efficaces. Elles hausseraient le prix du lait pour les transformateurs et les consommateurs sans réduire la volatilité des prix du lait ou des marges des fermes laitières.