Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les problèmes de reproduction trônent au palmarès des raisons pour lesquelles les vaches sont réformées de nos troupeaux québécois depuis plusieurs années. En 2018, 30,4 % des réformes involontaires étaient attribuées à ces derniers. Elles étaient suivies à 22,4 % par les mammites/comptage de cellules somatiques élevées et à 14,1 % par les problèmes de pieds et de membres, selon L’évolution de la production laitière québécoise 2018, le rapport publié annuellement par Lactanet.
Bien souvent, on se rend compte après la période d’attente volontaire que les vaches n’entament pas de gestation ou en langage plus commun, ne « collent pas ». Comment améliorer la situation? En travaillant en amont, il serait possible de découvrir la source du problème, qui serait probablement liée à une incidence élevée d’acétonémie.
Cette affection est un désordre métabolique qui survient surtout en début de lactation, alors que la bête puise dans ses réserves corporelles pour répondre à la demande énergétique causée par l’augmentation de la production laitière. On la détecte par la présence de corps cétoniques dont l’hydroxybutyrate (BHB) dans le sang, le lait et l’urine.
Dans une analyse récente de leur base de données, l’équipe de recherche de Lactanet a utilisé les informations de plus de 515 000 Holstein du Québec pour évaluer la relation entre le niveau de BHB au premier contrôle laitier de la lactation et les performances de reproduction de ces vaches. Elles ont été classées en trois catégories selon leur taux de BHB : négatives (< 0,15 mmol/L), suspectes (0,15 à 0,19 mmol/L) et positives (≥ 0,20 mmol/L).
Impacts de l’acétonémie
Au jour du contrôle laitier, les vaches dont le test est positif produisent de 2 à 3 kg de lait de moins par jour que celles qui sont négatives. Lors de ce premier test, le lait de celles qui sont classées positives a un plus haut pourcentage de gras (+0,9 %), mais moins de protéines (-0,05 %) que pour celui des négatives. Par contre, sur la lactation complète, ce sont les bêtes positives en début de lactation qui ont la plus haute production de lait, soit 305 jours, ce qui montre que les grandes productrices sont plus à risque.
L’intervalle entre la première saillie et la conception, le moment où les vaches deviennent gestantes, est plus élevé chez les positives (+5 jours pour celles en 1re lactation, +10 jours en 2e lactation et +13 jours en 3e lactation). Le nombre de saillies a aussi augmenté de 0,2. Ce qui se traduit en un nombre de jours ouverts (période entre le vêlage et le début de la gestation suivant) plus élevé chez les vaches classées positives que chez les autres (+11 jours en 1re lactation, +22 jours en 2e lactation et +24 jours en 3e lactation). Au total, 58 % des vaches positives sont gestantes à 150 jours en lait, alors que cette proportion augmente à 68 % pour les négatives.
Finalement, les vaches positives ont jusqu’à 30 % plus de risques d’être réformées en début de lactation que les négatives. Les vaches suspectes sont intermédiaires pour tous ces paramètres.
Comment détecter l’acétonémie?
Plusieurs tests sont disponibles pour détecter l’acétonémie et surveiller son incidence dans un troupeau. La méthode de référence est basée sur des bandelettes sur lesquelles on dépose une goutte de sang prélevée à la queue, connectées à un appareil qui donnera une lecture de BHB. D’autres tests sont disponibles, notamment celui par infrarouge dans l’échantillon de contrôle laitier, ou celui des bandelettes utilisé pour le lait ou l’urine. Connaître la situation de son troupeau est la meilleure façon pour ensuite prévenir ce désordre et d’éviter ses impacts négatifs. Les traitements peuvent être discutés avec le vétérinaire, mais la prévention à l’aide d’un agronome en production laitière demeure la clé du succès.
Comment prévenir l’acétonémie? Éviter l’excès d’énergie en début de tarissement. Un surplus favorise le stockage de réserves qui se traduira ensuite en résistance à l’insuline et fera chuter la consommation avant le vêlage, ce qui accentuera le problème.
|
Débora Santschi, PH. D. AGR., Lactanet