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Le phosphore est « une lame à double tranchant », explique Christian von Sperber, professeur adjoint au Département de géographie de l’Université McGill. C’est l’un des nutriments principaux utilisés dans les engrais qui permettent d’améliorer le rendement agricole, mais c’est aussi un élément chimique qui pose de sérieux « risques environnementaux ».
« C’est vraiment l’un des enjeux de l’heure », lance le professeur. En prélevant des échantillons de terre dans diverses régions du globe et en mesurant leurs teneurs en phosphore, il essaie de mieux comprendre le cycle de cet élément essentiel aux plantes. Plus spécifiquement, ses recherches visent à calculer avec un maximum de précision comment minimiser le transfert du phosphore entre les sols et les eaux de surface.
L’eutrophisation, une menace pour les cours d’eau
La pollution au phosphore est en effet la principale cause d’eutrophisation des cours d’eau dans les zones agricoles. Ce phénomène favorise la prolifération d’algues, dommageables pour la faune aquatique et la qualité de l’eau.
Le spécialiste en biogéochimie des sols rappelle qu’il s’agit d’« un problème qui existe partout dans le monde industrialisé » et qui est en grande partie « dû à la chimie des molécules de phosphate (PO43-) ». Lorsqu’il se trouve en excès dans le sol, le phosphore contenu dans les engrais tend à se combiner à d’autres molécules plus ou moins solubles, comme le calcium ou l’argile. Lorsque le point de saturation du sol est atteint, le phosphore cesse d’être capté par les racines des plantes et se disperse dans les eaux qui ruissellent petit à petit vers les rivières et les lacs avoisinants.
Des impacts à long terme
Le volume de phosphore idéal à appliquer est « très difficile à quantifier », reconnaît le chercheur. Ce qui est certain, c’est que « le phosphore se déplace très lentement à travers le sol », ce qui fait que les problèmes d’eutrophisation que l’on observe actuellement, ici comme ailleurs, sont le résultat de décennies d’épandage excessif de phosphore.
Soucieux des impacts à long terme, le spécialiste des sciences agricoles veut donc aider les agriculteurs à « optimiser leur usage de phosphore » pour obtenir de bons rendements tout en limitant les fuites dans nos cours d’eau. Selon lui, un peu de la même façon qu’il faut réduire dès maintenant les émissions de CO2 dans l’atmosphère pour minimiser les futurs effets des changements climatiques, il faut agir rapidement pour ralentir le phénomène d’eutrophisation.
Un contrôle accru Près de 15 % des exploitations agricoles présentent des risques de dépassement de la capacité de dépôt maximal prévu, selon le Bilan de phosphore du gouvernement du Québec. |
Simon Van Vliet, Agence Science-Presse