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Le torchon continue de brûler entre les institutions financières et Financement agricole Canada (FAC).
Les banques et le Mouvement Desjardins désapprouvent les politiques de prêts de la société d’État « qui mettent les agriculteurs à risque ». De son côté, FAC considère jouer « un rôle essentiel auprès des agriculteurs » en leur proposant, notamment, des congés de remboursement de capital pouvant s’étirer sur une année entière, en cas de coup dur.
« Nous accompagnons les producteurs agricoles qui traversent une période de turbulence. Nous apportons des solutions de financement et les agriculteurs apprécient notre compréhension des dossiers et des enjeux les concernant », fait valoir en entrevue à la Terre le vice-président opérations au Québec, Vincent Giard.
Sur son site Internet, Financement agricole Canada invite les producteurs à dresser leur profil en fonction de leurs besoins de financement. Par exemple, un des produits proposés, Prêts liquidités Plus, permet aux emprunteurs de ne « verser le capital que lorsque vous le déciderez ».
Mécontentement
Or, certaines des institutions financières actives dans le prêt agricole (Mouvement Desjardins, Banque Nationale, Banque Royale, Banque Laurentienne), à qui nous avons posé la question, sont unanimes sur un point : selon elles, la société d’État cause un déséquilibre dans le marché avec ses politiques de prêts « qui envoient de mauvais signaux aux agriculteurs déjà fortement endettés ».
Le Mouvement Desjardins, qui domine le marché avec une part de 41 %, craint que le « crédit trop libéralisé » préconisé par l’organisme fédéral ne crée « un surendettement » des producteurs.
Même son de cloche à la Banque Laurentienne. « Nous ne sommes pas d’accord avec l’approche de FAC touchant entre autres le congé de capital », dit Luc Béland, vice-président pour le secteur agricole à la Laurentienne.
Endettement
En 2009, le taux d’endettement se situait à 25 %, au Québec, comparativement à 18 % en Ontario et 12 % aux États-Unis. La dette totale des fermes au Québec se chiffrait à 11 G$, soit une moyenne d’endettement de 500 000 $ par ferme.
En 1987, pour chaque dollar de revenu net, la ferme québécoise devait composer avec une dette de 5 $ ; en 2009, la dette avait triplé à 15 $ pour chaque dollar de revenu net généré par l’activité sur la même ferme. En termes clairs, les agriculteurs sont aux prises avec des dettes de plus en plus lourdes, tandis que les revenus nets font du sur-place.
Le revenu net est stagnant et la dette est en croissance. Il faut se demander si la trop grande facilité à obtenir du crédit ne serait pas une des causes de ce haut niveau d’endettement », analyse Daniel-M. Gouin, professeur en agroéconomie de l’Université Laval.
Le professeur invite toutefois à la prudence. « Il ne faut pas généraliser et affirmer que toutes les fermes sont très endettées. Ce n’est pas la situation qui prévaut dans toutes nos fermes. Certaines ne le sont pas et d’autres le sont énormément », dit le professeur. Il juge néanmoins « inquiétant » le taux d’endettement des agriculteurs de la Belle Province.