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Un centre de données jumelé à des serres horticoles pourrait voir le jour à Beauharnois sur une terre présentement zonée verte. L’entreprise américaine derrière le projet, United American Corp, a annoncé ses intentions le 9 juillet par voie de communiqué. Celle-ci vient d’ailleurs de déposer une offre d’achat sur un terrain de 90 acres (environ 36 ha) à proximité du poste de distribution hydroélectrique de Léry, d’Hydro-Québec.
Selon les plans de la compagnie spécialisée en technologies de l’information, le complexe de Beauharnois devrait accueillir 10 serres de 77 000 pieds carrés chacune, permettant la culture de fruits et de légumes biologiques sur une superficie totale de 7 ha. Chaque serre sera couplée à une section du centre de données et profitera de l’air chaud et sec s’en dégageant pour réduire les coûts de production de l’entreprise. À plein rendement, le centre de données consommera 40 MW d’énergie.
« On se sert vraiment de l’électricité pour chauffer nos serres et les maintenir à une pression d’air positive, a expliqué en entrevue téléphonique avec La Terre le président de la compagnie, Benoit Laliberté. Au lieu d’utiliser une fournaise, on s’en remet à des chaufferettes qui fournissent un travail informatique et nous permettent de payer nos frais en électricité. »
Ne possédant pas d’expertise horticole, l’homme d’affaires entend confier la gestion des serres à un producteur local. Des pourparlers sont en cours à ce sujet.
Voisine de Google
L’accès à des lignes électriques à haute tension fait de la ville de Beauharnois un territoire prisé par des promoteurs de centres de données. Après OVH qui s’y est installée en 2012, le géant californien Google chercherait aussi à s’y établir. L’entreprise serait en discussion avec Hydro-Québec pour mettre la main sur une terre de 94 ha zonée verte qui se trouve également à proximité du poste de distribution de Léry, à un jet de pierre du terrain pour lequel United American Corp a déposé une offre d’achat.
Pour sa part, la Ville de Beauharnois indique qu’elle analyse le projet de United. « Jusqu’ici, on a seulement reçu une demande de permis pour la construction de serres », a confié Stéphanie Leduc, conseillère aux communications.
De leur côté, les deux producteurs agricoles qui cèdent leur terre, Daniel Montpetit et Jeanne Nieuwenhoe, mentionnent avoir vendu pour des raisons d’affaires. « Cette terre-là, c’était notre REER », explique Mme Nieuwenhoe. Le couple demeure toutefois en affaires et garde la main sur des lots totalisant 500 acres en plus de louer 200 acres de terres pour les cultiver. Il s’est également entendu avec M. Laliberté pour louer au cours des 10 prochaines années les superficies de la terre de Beauharnois qui ne seront pas exploitées par United.
Projet controversé Bien que United American Corp soit officiellement basée à Miami, c’est sur le Québec qu’elle mise pour développer ses projets de serres jumelées à des installations informatiques. Elle a d’ailleurs assemblé l’automne dernier ce qui s’avère sa première unité du genre, soit des installations dédiées au minage de cryptomonnaies sur une terre agricole à Sainte-Marie-Madeleine, près de Saint-Hyacinthe. La compagnie y a fait jusqu’ici de la culture à petite échelle dans des serres de démonstration. « On commence à monter la vraie structure de serres au mois d’août », précise M. Laliberté. À terme, ce projet devrait permettre de la culture en serre sur 1 ha. Une ombre plane toutefois sur ce projet. En juillet 2018, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) a émis une ordonnance de démantèlement des installations, jugeant que l’entreprise utilisait ses terres à des fins autres que l’agriculture. Après avoir porté sa cause en appel devant le Tribunal administratif du Québec (TAQ), la compagnie a encaissé une nouvelle défaite le 25 avril, le TAQ ordonnant également le démontage de ses installations de minage. United American Corp conteste toutefois la décision à la Cour du Québec. Celle-ci jugera de la validité du recours le 15 août prochain. Est-ce que pareil sort attend le projet de Beauharnois? « On a des activités 100 % agricoles, répond à cette question M. Laliberté. Tout ce qu’il reste à statuer, c’est si l’équipement de chauffage est litigieux ou pas. » Cependant, le point de vue de l’Union des producteurs agricoles diffère. « De façon très générale et sans commenter ce cas particulier, ce genre de projet devient selon nous inacceptable lorsque les activités non agricoles l’emportent sur les activités agricoles », affirme son porte-parole Patrice Juneau. |