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Le président du Réseau québécois des villes et villages en santé, également maire de Massueville, Denis Marion, fait partie de ceux qui souhaitent que les choses bougent plus rapidement.
« Nous avons soutenu le projet de recherche [du Collectif de recherche participative sur la pauvreté en milieu rural] parce que nous considérons que cet enjeu est préoccupant et qu’il faut s’y intéresser de plus près, tient-il à rappeler. Il faut mettre le doigt sur le bobo et parler de la pauvreté en termes clairs. »
Il est à même de constater, dans son propre village de 500 habitants « qui couvre une superficie de 1,2 km2 », signale-t-il, que la pauvreté demeure un sujet tabou en 2019.
« Ça s’explique par le fait qu’on vit dans un milieu tissé serré, fait-il valoir. Tout le monde se connaît et ce n’est pas toujours simple d’aborder ces questions-là. On préfère parler de ce qui va bien, de ce qui contribue à unir le village. On évite les sujets plus délicats. »
Pour renverser la situation, il mentionne l’importance, l’urgence même « d’un changement des mentalités », mais aussi d’une volonté qui devrait venir de Québec. À ce propos, il déplore que le gouvernement [Couillard] ait « largué, en quelque sorte », la politique de la ruralité, en coupant les vivres à Solidarité rurale du Québec en 2016.
« Par le fait même, ajoute-t-il, on a perdu la vision globale du développement de nos territoires, et c’est dommage. [Jusque-là], la politique de la ruralité donnait un sens aux actions posées par le monde rural. »
Une nouvelle approche
Le président du Réseau québécois convient néanmoins qu’il y a une « évolution du monde municipal » depuis quelques années. « Il y a 25 ans, évoque-t-il, on se préoccupait des infrastructures et c’est ce à quoi la population s’attendait. On mettait les efforts sur les nids-de-poule, le traitement des eaux usées et l’eau potable. Mais il faut aller plus loin : s’occuper des aînés, des grands enjeux sociaux. »
Faut-il en déduire que la lutte à la pauvreté va se faire de plus en plus localement, dans les hôtels de ville? Il rappelle une conversation qu’il a eue avec une conseillère municipale. « Elle m’avait dit : “Avant, on s’occupait des trottoirs; maintenant, on s’occupe aussi des gens qui marchent dessus.” »
Pas d’épicerie dans le village
« Les petits villages se retrouvent souvent sans épicerie. Conséquemment, il faut parcourir une dizaine de kilomètres pour acheter des fruits et des légumes, et même du steak haché. C’est le cas chez nous. Il faut se rendre à Yamaska pour trouver une épicerie intermédiaire [L’Intermarché]. On peut imaginer la difficulté que rencontrent les personnes plus vulnérables qui n’ont pas d’auto pour se déplacer. La disparition des services de proximité est un réel problème. Notre village n’est pourtant pas au bout du monde; nous sommes à 80 km de Montréal », lance Denis Marion, maire de Massueville, en Montérégie.
Yvon Laprade, collaboration spéciale.