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Fred voulait être un producteur, mais son souhait a pris fin brusquement lorsque son père a eu un accident mortel au volant de son tracteur. Sa mère, meurtrie par la perte de son mari, a rapidement vendu la petite exploitation laitière. Ce n’est que bien des années plus tard que Fred a pu réaliser son rêve et devenir agriculteur. « Il m’a fallu attendre mes 40 ans pour avoir la mise de fonds nécessaire, trouver une ferme selon mon budget et pouvoir enfin devenir producteur », déclare celui-ci.
Fred exploite une ferme d’élevage de veaux de lait à laquelle il a ajouté les productions maraîchère, acéricole et de petits fruits. Toutefois, son rêve a parfois pris des allures de cauchemar. Bien sûr, il connaissait les défis qui l’attendaient, mais les embûches et les imprévus n’ont pas manqué. Il a d’abord eu droit à tout un baptême pour son démarrage : la salmonelle dans l’élevage. Puis, l’arrêt du programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), la refonte de l’érablière, le passage en collectivités de l’étable pour se conformer aux normes de bien-être animal et l’effondrement de la laiterie sont d’autres réalités auxquelles Fred a eu à faire face. Tout ça s’est additionné aux tâches quotidiennes.
Le producteur souligne aussi que l’établissement en agriculture s’est complexifié. Dans l’équation, on ne peut plus oublier les concurrents mondiaux. « Le prix des veaux doit compétitionner celui du marché hollandais qui peut en produire à un coût moindre pour une meilleure conversion alimentaire et un plus grand gain de poids. Les productions comme celles des veaux de lait devraient être mieux reconnues et soutenues », ajoute Fred. Pour demeurer dans la course, celui-ci a dû redoubler d’efforts « jusqu’à ne plus avoir de répit ». L’agriculteur est à risque de mettre en danger sa santé puisqu’il doit toujours travailler davantage. Il doit éviter d’épuiser son capital d’énergie.
Où trouver de l’aide?
En outre, quand on accumule les pépins de toutes sortes, il n’est pas rare de revenir à la maison avec les soucis du travail en tête. Fred n’a pas été épargné. D’autres problèmes ont surgi lors du refinancement de son entreprise après sa séparation. « La Financière agricole du Québec n’acceptait plus le mode de contrat que nous avions avec les intégrateurs, car selon elle, nous étions des travailleurs à forfait et non des producteurs. Difficile à entendre lorsqu’on travaille de nombreuses heures, sept jours sur sept, sans pouvoir se verser un salaire! » Dur coup pour lui que cette absence de reconnaissance de son statut d’agriculteur après tous les sacrifices consentis.
À la suite d’une importante baisse de revenu et alors qu’il était inquiet pour l’avenir de sa ferme, il a entendu parler du Service de médiation en matière d’endettement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Il avoue que « c’est un peu de reculons et avec beaucoup de gêne » qu’il a fait appel à ce service. Il faut parfois faire preuve d’humilité pour aller frapper à certaines portes. Par contre, on ne devrait pas éprouver de honte à aller chercher de l’aide pour s’en sortir. Après coup, il ne retient que du positif de son expérience. Tous les aspects financiers de l’entreprise ont été revus et un plan de redressement a été élaboré. « Ce programme m’a permis de continuer et d’assurer la pérennité de la ferme », souligne Fred.
Après toutes les difficultés rencontrées, regrette-t-il d’avoir choisi de devenir producteur? « Ce qui me pousse à persévérer, c’est certainement ce qui m’a enraciné dans le domaine : le cœur et la passion. Par contre, mentionne-t-il, le Québec doit favoriser la pérennité de l’agriculture. »