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Le monde du travail n’est plus ce qu’il était. Aujourd’hui, tout est performance et l’agriculture ne fait pas exception. On veut ou on doit augmenter la productivité. On a le devoir de respecter les nombreuses réglementations de toutes sortes pour être conforme aux normes. Or, plusieurs agriculteurs n’arrivent pas à trouver de la main-d’œuvre, alors la charge de travail s’accroît. Que faire lorsqu’on est à bout de souffle avant même le début de la haute saison?
Roger est un producteur laitier. À 55 ans, il se retrouve seul depuis que son fils lui a annoncé qu’il ne souhaitait pas reprendre l’entreprise familiale. C’est un dur coup pour lui. « Je ne peux pas continuer sans lui, sans aide à la ferme, mais je comprends mon gars. L’agriculture a changé et il n’est pas passionné comme je l’étais à son âge. » Roger ne lui en veut pas, car il est bien conscient du mode de vie qu’exige son métier. Tout compte fait, il se questionne sur ce qui le pousse à avancer seul à présent. « J’en veux aux à-côtés de l’agriculture qui ont eu raison de la décision de mon fils », précise-t-il.
Vitesse grand V
Roger parle de la performance dans le domaine de l’agriculture : « Toujours en faire plus pour ne pas gagner nécessairement plus d’argent finalement. » Il a du mal à s’adapter au rythme de vie à vitesse grand V qu’oblige de plus en plus son métier. En effet, la complexité des tâches lui occasionne son lot de stress. « La surcharge de travail que ça m’apporte a des répercussions sur mon sommeil. Pour réussir à tout faire, je dois me coucher plus tard », mentionne-t-il.
Son avenir incertain le pousse à réfléchir à la possibilité de faire encan comme certains de ses amis agriculteurs. « Je ne pensais jamais devoir envisager cette solution. Je pourrais aussi réduire mon troupeau, mais ce ne serait pas assez payant pour en vivre », dit l’homme songeur. D’un autre côté, Roger est conscient que son mode de vie actuel n’est pas sain. Il dort difficilement, s’alimente à des heures déraisonnables et court après son temps. Il est épuisé physiquement et mentalement.
Quoi choisir?
Roger en parle souvent avec ses amis, mais très peu avec son fils. « Je ne veux pas qu’il se sente responsable de ma situation. Il s’est choisi et je suis fier de lui pour ça. Il a réussi à s’écouter. Maintenant, je dois faire pareil, mais j’y arrive mal », ajoute-t-il. Il a de la difficulté à déterminer ce qui pose réellement problème. Une fois qu’il l’aura défini, il sera en mesure de trouver la bonne solution. Pour s’écouter lui-même, il devra se projeter dans l’avenir et se demander ce dont il a besoin pour être heureux. Ensuite, il pourra se mettre en action pour retrouver une certaine sérénité.
Le changement peut faire peur, mais ne rien faire est probablement pire. La performance peut être aidante ou nuisible, encore faut-il savoir pourquoi on la laisse dominer notre vie. Pour Roger, en faire plus lui donne le vertige. Il devra se découvrir une autre passion ou conserver celle-ci en la modifiant. Demander de l’aide et verbaliser comment il se sent face à tout cela l’aidera à y voir plus clair. L’important est de performer pour soi-même, pour son propre bonheur. C’est à cette idée que Roger devra désormais se consacrer.