Vie rurale 15 mai 2019

Une mort par ensevelissement évitable

L’accident ayant coûté la vie au contremaître Marc-André Bélisle, mort enseveli dans un silo à grains à Baie-du-Febvre en novembre, aurait pu être évité. La planification des travaux de déblocage du maïs a été négligée, conclut la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Dans son rapport rendu public le 14 mai, l’organisme gouvernemental pointe du doigt la « planification déficiente » de cette opération qui a exposé l’employé à un danger d’ensevelissement. Le fait que le silo ait eu un fond conique a également contribué à provoquer l’asphyxie du travailleur, note la CNESST.

Le 9 novembre 2018, Marc-André Bélisle est entré dans un silo à grains de La Coop Covilac afin de débloquer le maïs dont l’écoulement avait cessé. Mais lorsque celui-ci a repris, le travailleur a été entraîné dans la chute à grains et s’est retrouvé enseveli.

Alors que M. Bélisle tardait à sortir du silo, deux travailleurs ont pénétré à l’intérieur pour « tenter de le retrouver en fouillant avec leurs mains dans le maïs », mais en vain, mentionne-t-on dans le rapport. Lorsque les pompiers sont arrivés sur place, ils ont procédé à l’évacuation du contremaître qui ne montrait plus aucun signe de vie.

À la suite de l’accident, la CNESST a interdit à La Coop Covilac toute intervention en espace clos jusqu’à ce qu’elle mette en place une procédure de travail sécuritaire et elle a aussi été obligée de donner une formation sur le travail en espace clos à ses travailleurs, car seul le contremaître ayant perdu la vie en détenait une, lit-on dans le rapport.

Selon la CNESST, la « planification déficiente » des travaux de déblocage du maïs a causé la mort par ensevelissement de Marc-André Bélisle. Sur la photo, il apparaît aux côtés de sa conjointe Marie-Pierre Lemire. Crédit photo : Gracieuseté de Marie-Pierre Lemire
Selon la CNESST, la « planification déficiente » des travaux de déblocage du maïs a causé la mort par ensevelissement de Marc-André Bélisle. Sur la photo, il apparaît aux côtés de sa conjointe Marie-Pierre Lemire. Photo : Gracieuseté de Marie-Pierre Lemire

Sans son harnais

La CNESST a constaté qu’aucun protocole de sauvetage n’était en place chez l’employeur, à l’exception du harnais de sécurité. Toutefois, M. Bélisle ne l’avait pas revêtu, ce jour-là. « S’il avait été attaché avec un harnais quand il est descendu dans le silo, ça ne serait jamais arrivé tout ça », avait témoigné sa conjointe Marie-Pierre Lemire, lors du colloque en santé et sécurité de l’Union des producteurs agricoles (UPA), en février. La mère de famille et préventionniste s’était confiée à La Terre afin d’en finir avec la négligence qui fait encore trop de victimes en agriculture.

La loi est pourtant claire : les travailleurs doivent porter un harnais lorsqu’il leur est « indispensable » d’entrer dans un espace clos.

L’opération de déblocage du maïs dans le silo à fond conique a provoqué l’ensevelissement et l’asphyxie du travailleur. Photo : Gracieuseté de la CNESST
L’opération de déblocage du maïs dans le silo à fond conique a provoqué l’ensevelissement et l’asphyxie du travailleur. Photo : Gracieuseté de la CNESST

Recommandations

Afin de prévenir ce genre d’accident, la CNESST recommande entre autres d’éviter d’entrer dans un silo « en privilégiant les déblocages à partir de l’extérieur de ce dernier ».

Si des travaux doivent absolument être effectués à l’intérieur d’un silo, l’organisme mentionne que la procédure doit inclure le cadenassage pour empêcher tout mouvement des grains causé par leur écoulement. Le travailleur devrait aussi porter un harnais de sécurité relié à une corde d’assurance solidement attachée à un ancrage extérieur.

La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière, à l’UPA, aux Producteurs de grains du Québec et à l’Association canadienne de sécurité agricole.

Pour voir la vidéo de la reconstitution : bit.ly/2YwOuPn.