Vie rurale 19 septembre 2014

La grande oeuvre de La Petite Ferme de l’Auberge

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La Petite Ferme de l’Auberge, située en Montérégie a pour mission d’aider les hommes en difficulté.

Béthanie – Connaissez-vous les produits de La Petite Ferme de l’Auberge? Chaque année, plus de 32 000 pots d’une dizaine de variétés de tartinades sont produits à Béthanie, près de Roxton Falls en Montérégie, par l’organisme communautaire qui a pour mission d’aider les hommes en difficulté.

Le maître d’oeuvre est Benoît Houle, un intervenant auprès d’une clientèle à risque depuis 30 ans. L’idée de s’établir en pleine campagne était de pouvoir offrir un milieu de vie sain à une clientèle de 18 à 60 ans. Les cas sont référés par les centres de crise, des maisons d’hébergement et des hôpitaux de la Montérégie et des Cantons de l’Est.

La demande est incessante et la maisonnée fonctionne à pleine capacité. « On serait deux fois plus grand et ce serait toujours plein, explique M. Houle. Le problème est que nous ne sommes pas financés par le gouvernement; nous sommes un organisme de charité. » Comme il n’y a pas d’argent pour embaucher des intervenants, ce sont les résidents de longue date qui agissent en tant qu’accompagnateurs auprès des nouveaux arrivés.

Plusieurs qui y trouvent refuge ont un problème de consommation d’alcool ou de drogues; d’autres ont vécu un deuil, une séparation qui les a plongés dans une profonde dépression. Certains cas de bipolarité et de schizophrénie sont parfois acceptés. Ceux-ci requièrent toutefois plus de supervision pour s’assurer qu’ils prennent leur médication et ne touchent pas à la boisson, puisque le mélange des deux pourrait être fatal. Seuls les délinquants sont exclus, compte tenu de la fragilité de la clientèle; il est facile de s’imaginer à quel point l’atmosphère deviendrait rapidement invivable si des éléments perturbateurs s’inséraient au sein du groupe…

Le grand défi

La Petite Ferme de l’Auberge s’étend sur une terre de 12 acres dont la moitié est en forêt. À l’avant-plan du paysage bucolique, on retrouve quatre belles vaches Highland. À l’été, s’ajoutent quelques cochons et une centaine de poules qui se promènent en liberté. Les résidents participent à tous les travaux de ferme : la coupe du bois de chauffage, la cueillette des oeufs, l’entretien des animaux et du potager. D’autres se rendent dans les cuisines du centre communautaire de Béthanie pour faire les tartinades qui sont ensuite vendues dans plusieurs marchés d’alimentation et épiceries fines de la province.

Ce n’est pas une mince affaire que de mener de front une mission sociale et une activité économique. C’est cependant la direction qu’a choisie l’organisme en calquant son modèle sur celui des communautés religieuses, comme celle des moines trappistes qui a développé le célèbre fromage d’Oka. Le travail des résidents fait partie de leur thérapie et aide à équilibrer le budget de l’organisme.

« Sans m’en vanter, nos tartinades sont les meilleures, dit M. Houle. C’est ce que les gens disent lorsqu’ils y goûtent. » Les produits sont disponibles au détail dans 65 points de vente à travers le Québec, et en gros au centre communautaire de Béthanie.

« Les gens doivent comprendre que c’est notre seul moyen de financement, et qu’en achetant nos produits, ils font bien plus qu’acheter une simple tartinade, ils appuient un organisme communautaire », ajoute Marco Dubuc, représentant de vente et ancien résident de La Petite Ferme de l’Auberge.

Prêts à travailler

Maxime Bourque, 20 ans, dit être prêt à entrer sur le marché du travail après un séjour de 18 mois à La Petite Ferme de l’Auberge. « J’ai suivi un cours de 50 heures de relations humaines; je parle anglais, j’aime les gens et je suis né avec un ordinateur dans les mains, dit-il. Idéalement, j’aimerais travailler à l’accueil dans une entreprise ou au service à la clientèle. »

Pour tout ce qui implique du travail physique, comme ramasser des roches, planter des oignons et réparer des moteurs de tous genres, on peut compter sur Tommy Tremblay, âgé de 27 ans. « Il a également un don exceptionnel avec les animaux, il sait tout de suite lequel est malade, dit M. Houle. C’est lui qui s’occupe principalement des vaches et des poules ici. »

Les jeunes hommes débordent de bonne volonté, ajoute M. Houle, mais l’employeur devra leur fournir un minimum d’encadrement. « Tommy ne connaît pas la valeur de l’argent et Maxime demeure fragile au niveau de la consommation. »

Pour obtenir davantage d’informations sur l’embauche de résidents de La Petite Ferme de l’Auberge, sur les points de vente ou pour commander des caisses de tartinades : www.lapetitefermedelauberge.org