Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Qui donc s’occupe d’épauler les éleveurs qui ont contribué à faire rouler l’économie, à financer les organisations et qui ont tout perdu, même quand ils avaient tout pour réussir?
Trois personnes qui gravitent autour de moi sont éleveurs de porcs. Qui gravitent, entendons-nous, elles tournent pas autour de moi pendant que j’écris cette chronique.
Mais dans ma tête oui.
Ces trois personnes, je les considère très allumées. L’une a vu sa ferme mise en vente par soumission, tout l’argent qu’elle touchera, enfin qu’elle ne touchera pas, ira à La Financière pour rembourser ses prêts.
Une autre a acheté avec son mari une ferme porcine, c’était une deuxième entreprise. Comme la première production allait vraiment bien, et que comme bien des gens, ils croyaient enfin arrivé le retour à la rentabilité, ils se sont lancés pour être en bonne position quand viendrait la reprise des prix. Mais la crise s’est prolongée et le résultat? La faillite. Aujourd’hui, toute la famille tente tant bien que mal de se refaire une vie.
Le troisième éleveur, il habite plus loin sur mon rang, s’apprête à quitter son entreprise. D’après ce que j’en sais, la promesse de vente serait signée ou sur le point de l’être. Un gros producteur de porcs qui possède aussi beaucoup de terre vient de tout racheter. Voilà une autre ferme porcine de deuxième génération qui passe aux mains d’un plus gros. Depuis quelques années, l’histoire se répète à en devenir banale.
Dans les trois cas, ce sont des personnes qui étaient impliquées et actives en agriculture. Impliquées dans la défense des producteurs et dans l’avancement de l’industrie. À mon avis, le fait de voir disparaître ces trois personnes de l’industrie porcine, c’est toute une perte d’expertise.
Les trois avaient pourtant tout pour réussir : l’accès à l’information, des gens débrouillards qui jouissaient d’un bon réseau de contacts et d’une solide expérience de la production. La maladie dans les troupeaux, des piètres prix et une mauvaise répartition des aides gouvernementales font partie des raisons que ces producteurs évoquent.
Il y a ces temps-ci beaucoup de discussions au sein des regroupements d’agriculteurs sur le droit des animaux, sur l’importance de bien les traiter, de leur fournir suffisamment d’espace pour les loger, de la nourriture saine, un environnement bien ventilé, des rampes d’embarquement sécuritaires. Et tout cela c’est très bien.
Mais comment en vient-on à se préoccuper davantage des conditions des animaux que de celles des éleveurs eux-mêmes? Qui donc s’occupe d’épauler les éleveurs qui ont contribué à faire rouler l’économie, à financer les organisations et qui ont tout perdu, même quand ils avaient tout pour réussir?
Je suggère qu’on s’occupe à la fois du bien-être des animaux mais aussi du bien-être des familles des éleveurs. S’assurer qu’ils ont un espace décent où se loger, de la nourriture pour s’alimenter et des sous pour envoyer les enfants à l’école. Finalement, leur ouvrir une lumière afin qu’ils puissent avoir une idée d’où se trouve la sortie. Si on ne s’aide pas entre nous, qui va nous aider?