Environnement 3 mai 2019

L’environnement, un nouveau marché pour l’horticulture ornementale

Elle est révolue l’époque pas si lointaine où l’industrie québécoise de l’horticulture ornementale se résumait à la vente de « fleurs annuelles en caissettes ». Désormais, une jeune clientèle consciencieuse de l’environnement laisse présager une forte croissance pour les prochaines années. Tournée jardinière au sein d’une industrie en profonde mutation.

« De nouveaux marchés prometteurs commencent à s’ouvrir pour les agriculteurs, en raison des enjeux environnementaux et des besoins grandissants dans les villes et les institutions publiques pour verdir l’environnement », soutient Guillaume Grégoire, professeur-chercheur sur les infrastructures végétalisées à l’Université Laval.

Sarah Bédard
Sarah Bédard

Sur le terrain, le producteur Pierre Lavallée, aux commandes de la Pépinière Dominique Savio, à Marieville, a la même lecture du marché. « Il se passe des choses intéressantes, confirme-t-il. Nous observons des changements de comportement au sein de la population. On veut verdir l’environnement pour améliorer la qualité de l’air. Ça va bien au-delà de l’aspect esthétique. »

Sarah Bédard, 32 ans, copropriétaire de la Ferme Bédard et Blouin, dans la région de Québec, mise sur ce qu’elle appelle « le retour des jeunes à la terre » pour faire grandir cette entreprise familiale dotée d’un centre jardin.

« On le voit : les jeunes se reconnectent en jardinant, en se fabriquant notamment des potagers en milieu urbain, explique-t-elle. C’est un rêve pour plusieurs de jouer aux fermiers! »

La jeune femme salue également les initiatives des villes avec les potagers éphémères qui permettent aux locaux de récolter des fruits et des légumes dans ces lieux désignés. « On participe à un projet avec Nature Québec pour reverdir les ruelles du quartier Limoilou et contrer les îlots de chaleur. C’est stimulant », fait-elle valoir.

Vers une politique gouvernementale

Christian Brunet
Christian Brunet

Pour sa part, Christian Brunet, président de la Fédération interdisciplinaire de l’horticulture ornementale du Québec (FIHOQ), soutient que l’industrie est prête, plus que jamais auparavant, à « sauter dans le train de la croissance économique ». Sauf qu’elle est en attente d’une véritable politique gouvernementale favorisant le verdissement des lieux publics avec la plantation d’arbres, d’arbustes et de végétaux.

« L’idée fait son chemin, souligne Christian Brunet. Il y a une conscientisation, tant chez les élus que dans la population : on prend très au sérieux les rapports de l’Institut de la santé publique qui démontrent que la qualité de l’air s’améliore dans les municipalités où il y a une forte présence de végétaux. »

Il ne cache pas qu’une telle politique, qui aurait pour effet de créer des emplois et d’augmenter la production, serait bénéfique pour l’industrie québécoise.

Des toits à verdir

Chose certaine, le professeur Guillaume Grégoire constate une effervescence en provenance des milieux urbains. « C’est un fait que dans les villes et les grandes institutions publiques, dit-il, on souhaite augmenter le rendement des plantes, trouver les végétaux les plus efficaces afin de lutter contre les îlots de chaleur et d’absorber l’eau avant qu’elle ne fasse son chemin dans les égouts pluviaux. » Dans un contexte de réchauffement climatique, les pratiques agronomiques pourraient donc contribuer à améliorer la qualité de l’air des villes. 

Un secteur… florissant

Au Québec, l’industrie de l’horticulture ornementale pèse 3,34 G$, et c’est sans compter les retombées indirectes qui se situent à plus de 2,4 G$. Cette industrie regroupe environ 7 000 entreprises, que ce soit en production à l’aide de serres, de pépinières et de gazonnières, ou en commercialisation, comme les jardineries, les fleuristeries et les manufactures de produits et de services. À cela, il faut ajouter les services en horticulture ornementale tels que l’aménagement paysager, l’architecture du paysage et les services d’entretien des espaces verts et autres, qui procurent de l’emploi à 40 000 travailleurs en haute saison, durant l’été.

Yvon Laprade, collaboration spéciale.

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