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À l’automne 2015, mon fils était allé étendre du fumier solide dans les champs. Il était si fier de conduire le tracteur! Ma belle-mère était avec lui, donc pas d’inquiétude. Le seul problème à signaler, c’est que le fumier contenait beaucoup de gros amoncellements de paille compacte, ce qui créait des monticules. Mon conjoint ne pouvait pas laisser ça tel quel parce que ça aurait été un désastre en passant le chisel. Même s’il n’a pas demandé de l’aide ouvertement, l’appel avait quand même été lancé. Mais comme il s’agit d’une job de merde, disons-le, il n’y a pas eu de volontaires, sauf un : mon fils!
Il n’a fait ni une ni deux, est descendu du tracteur, a enfilé sa chienne et ses bottes de caoutchouc. Ensuite, il a couru au garage se chercher une fourche et est reparti au champ. Il se promenait d’une motte à l’autre en y assenant des coups de toutes ses forces pour séparer les morceaux. Les pièces ainsi dégagées étaient par la suite projetées vers les endroits moins couverts dans le champ. De motte en motte, d’heure en heure, il persévérait, maman à ses côtés pour aider, parce qu’un champ, c’est grand.
Pendant notre besogne, nous avons rencontré des familles de souris installées dans la paille. Nous avons profité de ce temps pour piquer un brin de jasette avec elles avant de les regarder gambader, ou plutôt s’enfuir. Mon fils les escortait les unes après les autres jusqu’à la levée de fossé pour éviter qu’elles ne soient blessées par la fourche ou écrasées par le tracteur et l’épandeur. Un vrai cœur tendre, ce grand garçon.
En continuant notre travail parmi les mottes, nous avons trouvé celle qui était de loin la plus grosse : un monticule gigantesque. Mon fils, avec sa belle impulsivité naïve d’enfant, l’a grimpée à l’aide de sa fourche. Il s’est installé un bras en l’air, l’index levé bien haut vers le ciel en signe de numéro un et m’a crié : « Je suis le roi du caca! » En deux temps, trois mouvements, j’ai extirpé mon téléphone cellulaire de ma poche et j’ai immortalisé ce moment, en riant à m’en taper les cuisses, les yeux pleins d’eau.
Ce cliché est un beau souvenir d’une journée très agréable où je n’ai pu me retenir de rire à gorge déployée, entourée de fumier, au beau milieu d’un champ. Qui aurait cru que cette tâche plutôt rebutante et hors du commun aurait été une expérience finalement plaisante?
En écrivant ces lignes, je me rends compte que c’est un moment comme il nous en arrive assez souvent dans le domaine, mais qui peut paraître assez farfelu pour d’autres.
Mylene Surprenant, Agrimom