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Utilisée comme outil de gestion de la fertilité des sols et des nutriments, la rotation des cultures est efficace pour la lutte contre les organismes nuisibles, les maladies et les mauvaises herbes. Cette méthode constitue d’ailleurs un aspect incontournable de la production de grains bio.
L’ajout d’une nouvelle culture en alternance, surtout une de spécialité, est une décision qui nécessite la considération de plusieurs éléments. Bien que cette démarche puisse s’appliquer à toutes les cultures, biologiques comme conventionnelles, nous nous servirons comme exemple de la culture de chanvre industriel pour détailler les facteurs qui devraient influencer cette décision.
Tout d’abord, il faut examiner les particularités agronomiques de la culture selon la région et en fonction des champs. Dans le cas du chanvre, cette production s’adapte bien, tant dans les régions centrales que périphériques, mais elle exige un bon drainage et une fertilisation adéquate. De plus, il est important de déterminer la place que le chanvre occupera dans le cycle de rotation, les cultivars offerts ainsi que l’impact de son ajout sur la charge de travail.
Rentabilité
La commercialisation nécessite des connaissances sur les coûts qui y sont liés : celui du transport des grains jusqu’aux exigences du marché. Pour le chanvre, une licence de Santé Canada est obligatoire. De plus, les critères des acheteurs sont élevés, tant pour le séchage que pour la propreté des grains, ce qui est courant pour les cultures de spécialité destinées à l’alimentation humaine.
Par conséquent, des investissements en équipement peuvent être essentiels pour atteindre le niveau de qualité exigé. Plusieurs possibilités s’offrent alors au producteur, selon sa situation. Son séchoir est-il adéquat? Doit-il acheter ou louer un crible? Si le taux d’impuretés dans sa récolte est trop élevé, doit-il la faire nettoyer au centre de grains pour la somme de 150 $ la tonne? Chacune de ces options représente des dépenses supplémentaires qui doivent être prises en compte par l’entreprise.
La rentabilité d’une culture dépend de l’équilibre entre les coûts et les revenus. Tout d’abord, le prix du marché varie d’une année à l’autre. Par exemple, après un sommet à 4 000 $/t pour la saison 2016-2017, le prix du chanvre a atteint un creux de 2 235 $/t en 2018-2019.
Les rendements vendables fluctuent de 0,5 t/ha à 1,1 t/ha. Avec des charges totales s’élevant à plus de 2 000 $/ha, les variations de prix et de rendement peuvent ainsi faire la différence entre rentabilité et pertes pour cette culture selon les données recueillies dans le cadre d’un projet réalisé en partenariat par le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA), le Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+) et le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), avec le soutien de la Filière biologique du Québec et du Syndicat des producteurs de grains biologiques du Québec.
L’ajout d’une culture dans la rotation ne devrait donc pas être fait à la légère. Le soutien de conseillers agronomiques et en gestion ainsi que l’utilisation des informations et des outils disponibles, comme Rotation$+ du CRAAQ, peuvent faciliter ce processus, en élaborant divers scénarios de coûts et de revenus.
En collaboration avec Jacques Dallaire, de la Ferme Tournevent, et Julie Plamondon, du Centre d’études sur les coûts de production en agriculture.
Perspectives Il est important de mettre en perspective l’impact d’un élément sur l’entreprise de façon globale. La diminution de rentabilité dans une production peut être compensée par d’autres cultures. Le risque financier est ainsi réparti sur l’ensemble des activités de l’exploitation. De plus, il ne faut pas oublier les bénéfices agronomiques de la rotation. |
Michel Morin, agr., Centre d’études sur les coûts de production en agriculture