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Depuis deux ans, le secteur avicole québécois connaît une recrudescence de cas de laryngotrachéite infectieuse (LTI).
En 2017, une éclosion a impliqué huit sites de production de poulets à griller à Sainte-Sophie, dans les Basses-Laurentides. Depuis juin 2018, l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA) connaît la plus importante éclosion de son histoire à Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière. Une zone à risque de plus de 100 km2, contenant 11 sites de production infectés et près de 60 sites non infectés, ainsi que des mesures de vaccination et de biosécurité rehaussée, ont dû être mises en place pour contrôler la maladie.
À chaque éclosion, l’EQCMA intervient dans une approche sectorielle concertée afin de contrôler le plus rapidement possible la maladie et de l’éradiquer des troupeaux infectés. Dans un premier temps, des mesures de biosécurité rehaussées sont exigées du propriétaire du site infecté et de tous les fournisseurs de produits et services à ce site.
Des mesures de contrôle sur la sortie des oiseaux infectés vers le site d’abattage et la sortie du fumier constituent des éléments clés qui augmentent grandement les chances de succès de la stratégie d’intervention. Un même facteur de risque lie ces deux activités, soit la dispersion de quantités significatives de poussières contaminées dans l’air.
Mesures de biosécurité à préconiser
Dans le but de réduire les risques associés à la gestion du fumier, il est possible d’éliminer le virus en chauffant le fumier dans le poulailler à 100 °F (37 °C) pendant 100 heures et en l’entreposant sur le site avant l’épandage. En ce qui concerne la sortie des oiseaux des sites de la zone à risque, l’EQCMA demande qu’ils soient dirigés à l’abattoir le plus près. Les camions sont invités à emprunter une route spécifique comportant un minimum de fermes avicoles afin de minimiser les risques de contamination lors du transport. Les fermes avicoles situées à moins de 300 mètres du chemin public étant plus à risque, une conduite lente à proximité de celles-ci est préconisée.
Au site infecté, une biosécurité rigoureuse à l’entrée de chaque poulailler doit mettre l’accent sur le changement de chaussures et de vêtements par le producteur, ses employés et tous les visiteurs.
Chaque nouvelle éclosion de LTI a ses particularités et apporte son lot de défis et de nouveaux apprentissages. La stratégie d’intervention de l’EQCMA est le fruit d’une collaboration de tous les acteurs de la filière avicole québécoise et de la communauté des médecins vétérinaires spécialisés en aviculture.
Un partage de connaissances profitable
Au début de l’année, une spécialiste en médecine avicole de l’État de la Géorgie, la Dre Louise Dufour-Zavala, est venue au Québec partager son expérience en gestion des épisodes de LTI. Ce partage de connaissances a rapidement été mis à profit lors d’une nouvelle éclosion de LTI à Saint-Dominique, en Montérégie.
Pour mieux contrôler l’éclosion, l’EQCMA a mis en place une stratégie régionale plus agressive, avec une zone géographique élargie dès le deuxième cas rapporté. Pour le moment, la stratégie semble porter fruit puisqu’aucune déclaration de nouveau cas n’a été faite depuis le 7 février.
Rien ne peut être tenu pour acquis dans la gestion des maladies avicoles. À cet égard, l’EQCMA poursuit ses efforts afin de mieux comprendre la LTI. Une étude sera bientôt mise en œuvre, en collaboration avec le Dr Jean-Pierre Vaillancourt de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, afin d’examiner les principaux facteurs de propagation de la LTI dans l’éclosion à Saint-Félix-de-Valois.
Qu’est-ce que la LTI? La LTI est une maladie très contagieuse causée par un virus qui affecte le système respiratoire des poulets à griller, des pondeuses d’œufs de consommation et des poules de reproduction. La maladie peut affecter les oiseaux de tout âge et de tout stade de production. C’est une maladie qui cause essentiellement de la mortalité, des retards de croissance et une baisse de ponte. La période d’incubation du virus est de 6 à 12 jours, ce qui permet à celui-ci de se disséminer dans plusieurs autres fermes avant qu’un diagnostic soit posé sur le site infecté. |
Martin C. Pelletier, agronome, MBA, coordonnateur EQCMA
Ghislain Hébert, DMV, chargé de projet EQCMA