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DRUMMONDVILLE — Après avoir indiqué qu’ils mettraient fin à leurs approvisionnements en lait de chèvre du Québec l’an dernier, Saputo, Agropur et Liberté sont revenus sur leur décision, mais l’incertitude qu’ils ont créée chez les éleveurs entraîne aujourd’hui une pénurie de lait de chèvre.
Lors de leur assemblée générale annuelle, qui a eu lieu le 20 mars à Drummondville, les membres du syndicat des Producteurs de lait de chèvre du Québec (PLCQ) ont souligné qu’ils ne savaient plus sur quel pied danser.
« Je m’arrache les cheveux : j’ai trois acheteurs qui veulent du lait, mais je n’ai pas assez de volume pour tous les fournir. Je priorise qui? Si j’évite de livrer à ceux qui nous ont mis dans l’incertitude l’automne dernier, ils tomberont en rupture de stock et pourraient se retourner vers l’Ontario pour trouver du lait, ce qui pourrait nous nuire à long terme », a lancé un éleveur et transporteur à l’assemblée.
Le président Christian Dubé confirme qu’il manque de lait de chèvre. Il s’attend à ce que les éleveurs produisent 8,5 millions de litres en 2019 sur les 10 millions demandés par l’industrie. « L’incertitude de l’an dernier a poussé des éleveurs à envoyer des chèvres à l’encan et ça se répercute cette année. C’était prévisible! » fait remarquer M. Dubé.
Cela dit, Saputo, Agropur et Liberté se sont engagés sur une seule année à reprendre les mêmes volumes que l’an dernier. Cette vision à court terme n’incite pas les éleveurs à remettre les gaz à fond, pas plus qu’elle ne rassure les institutions financières, ajoutent Clément Caouette et sa conjointe Amélie Lapierre. « On veut se bâtir, mais les prêteurs n’ont pas confiance. Ils disent qu’Agropur et les acheteurs peuvent nous tourner le dos comme ils ont voulu le faire l’an dernier », explique M. Caouette.
Les producteurs travaillent sur une convention de mise en marché qui pourrait sécuriser leur marché et leurs créanciers.
Espoirs et incertitudes chez les producteurs