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Nicole Guilmain n’est pas une fille d’agriculteur, mais cela ne l’a pas empêchée de devenir agricultrice.
L’appel de la nature… et de son mari l’a vivement encouragée à quitter sa chaise de secrétaire médicale pour se tenir debout dans ses serres de Saint-Damase, où sont cultivées aujourd’hui les tomates d’Excel-Serres. Portrait d’une femme en agriculture animée par la rigueur et le souci du détail.
Réglons une chose : Excel-Serres, c’est une acre de culture en serre, près d’un million de dollars en chiffre d’affaires, dix employés et des tomates distribuées dans une cinquantaine d’épiceries et de fruiteries. Quand l’entreprise a reçu la médaille de bronze de l’Ordre national du mérite agricole, ç’a été la cerise sur le sundae!
« Sans la détermination et l’encouragement de mon mari, je n’en serais pas là aujourd’hui », lance d’entrée de jeu Nicole Guilmain. N’allez surtout pas penser que c’est son mari qui décide de tout, loin de là. Les deux vous répondront en cœur : « C’est une question de concertation! »
« Nicole, c’est une femme rationnelle, une femme rigoureuse qui tient à ce que les affaires soient bien ordonnées », ajoute toutefois son mari, Gabriel Beauregard, pour souligner la contribution de son épouse dans l’entreprise.
De la betterave à la tomate de serre
L’aventure de Nicole Guilmain en agriculture commence, en 1974, avec l’achat de la ferme, un des souhaits longuement entretenus par son mari. « On y cultivait des tomates, de la betterave à sucre et des céréales », explique Nicole Guilmain. Son mari, aussi fonctionnaire, avait quitté son travail d’inspecteur de fruits et légumes pour le gouvernement, tandis qu’elle, par mesure de sécurité financière, avait continué à travailler comme secrétaire médicale. Plus les choses avançaient cependant, plus l’agricultrice en herbe devait s’engager dans l’entreprise au point de s’y consacrer à plein temps avec l’aménagement des premières serres en 1975. « En plus d’être à temps plein à la ferme, j’étais retournée aux études à 40 ans pour compléter un diplôme d’études collégiales en horticulture tout en gardant une fin de semaine sur deux de travail à l’hôpital comme secrétaire médicale. »
Quelle conciliation travail-famille?
Elle devait aussi composer avec l’absence de son mari, très engagé du côté du syndicalisme agricole, et s’occuper de ses trois enfants. À cette époque-là, il faut oublier les centres de la petite enfance… « J’en avais plein les bras, se rappelle-t-elle. La conciliation travail-famille, c’était un concept abstrait. » L’agricultrice et jeune mère de famille avait d’ailleurs approché le gouvernement pour tenter d’initier des mesures de conciliation travail-famille en agriculture, mais sans succès.
Femme organisée, qui ne fait rien sans préparation, elle et son mari n’hésitent pas alors à investir dans leur couple comme ils le font pour leur entreprise. « Nous devions aussi penser à nous, à ce que nous aimions faire, et laisser l’autre faire ce qu’il aimait faire. Liberté et consensus ont toujours été notre ligne de conduite », a expliqué Mme Guilmain. Chanter a d’ailleurs été sa soupape! « Je fais d’ailleurs encore partie de la chorale Ambiance Gospel de ma région », tient-elle à souligner.
Aujourd’hui, alors que l’entreprise roule sur des roulettes malgré une compétition omniprésente de l’Ontario et du Mexique, Nicole Guilmain doit songer à la relève. Seul leur fils aîné, Louis-David, est actuellement engagé au sein de l’entreprise. « Il s’est joint à nous après des études en piano. Depuis, il a bien appris les rudiments du métier, car il a commencé au bas de l’échelle comme ouvrier agricole. Il est bien parti pour assurer la continuité », lance l’agricultrice qui se sent de moins en moins agricultrice. C’est que Nicole Guilmain est en quelque sorte victime de son succès, celui d’avoir érigé, avec son époux, des bases solides pour implanter l’entreprise familiale. « Avec mon fils, mon mari, les employés et les conseillers agricoles, ça roule rondement. Nous formons une belle équipe! Je ne me consacre maintenant qu’à la comptabilité, à raison de quelques heures par semaine », lance sereinement l’agricultrice qui a encore tout de même beaucoup de feu dans les yeux pour sa profession malgré un emploi du temps pas mal moins occupé.