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SHERBROOKE — Entre 200 et 250 producteurs forestiers en provenance des quatre coins du Québec ont manifesté ce matin à Sherbrooke pour défendre leur droit de négocier collectivement la vente de leur bois de sciage résineux. Pour leur part, les industriels forestiers affirment que le projet de mise en marché collective comporte des lacunes et représente un trop grand risque pour le marché.
La manifestation a eu lieu devant l’hôtel où la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec tient des audiences depuis le 5 février sur cet enjeu. Domtar et le Conseil de l’industrie forestière du Québec demandent à la Régie de suspendre la mise en marché collective du bois de sciage résineux. Ils contestent aussi le processus ayant mené à l’adoption d’une résolution confiant au Syndicat des producteurs forestiers du sud du Québec (couvrant l’Estrie et une partie de la Montérégie) l’exclusivité de la vente du bois de sciage résineux. Le tribunal prévoyait sept jours d’audiences à Sherbrooke, qui doivent se terminer le 21 février.
Des manifestants satisfaits
Le nombre de manifestants venus signifier aux régisseurs de la Régie que les producteurs appuient leur syndicat a été plus élevé que prévu, au grand plaisir du président du Syndicat des producteurs forestiers du sud du Québec, André Roy. « C’est la preuve qu’à travers toute l’Union, on défend encore ce pilier de l’agriculture au Québec qu’est la mise en marché collective. Ça prouve que les producteurs veulent que l’on négocie leur bois, qu’ils sont fatigués de se faire imposer des prix par les industriels », a-t-il déclaré en entrevue à La Terre.
Line Martel Bégin, de Bury, en Estrie, faisait partie du groupe de manifestants. « On veut notre juste part, dit-elle. La loi nous permet de nous regrouper pour négocier un prix. Actuellement, on vend [notre bois] au prix qu’ils nous offrent. On veut s’asseoir pour négocier. »
Trop hâtif et risqué
Le représentant de Domtar aux audiences, André Gravel, a indiqué à La Terre que la compagnie est en faveur d’une entente moderne et flexible, mais il juge que le projet du Syndicat n’est pas « suffisamment abouti et achevé pour être porteur pour l’avenir », et ce, autant pour les scieries que pour les producteurs eux-mêmes.
Directeur de l’approvisionnement chez Domtar, André Gravel déplore qu’aucune étude d’impact n’ait été effectuée avant de mettre en place un changement aussi important pour la mise en marché du bois. « On ne peut pas faire prendre un risque aussi grand à l’ensemble du marché sans avoir évalué les risques et sans être certains qu’on atteindra les objectifs. Ce n’est pas de même que ça fonctionne dans les affaires aujourd’hui », a-t-il indiqué. Il précise que plusieurs points demeurent flous afin de garantir un meilleur revenu net aux producteurs de bois. Le transport, le façonnage des billots et la prévisibilité des livraisons de bois sont des éléments qui doivent être davantage évalués « ensemble », dit-il.
Le Conseil de l’industrie forestière du Québec, par le biais de son avocat, Me Unvoy, aurait fait valoir à la Régie que des éléments présentés aux producteurs par leur Syndicat contiennent des inexactitudes. Il doute notamment des chiffres du Syndicat concernant les revenus supérieurs qu’obtiendront les producteurs avec le nouveau système de mise en marché.
Un jugement important
Le jugement de la Régie n’est pas attendu avant l’été. Il aura toutefois un impact important sur l’ensemble des forestiers du Québec, car une victoire de Domtar dans cette cause estrienne pourrait nuire aux autres régions qui songent à se doter d’une convention de mise en marché collective pour le bois de sciage.