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Vingt-neuf ans, c’est trop tôt. Là-dessus, nous avons toujours été d’accord.
Aujourd’hui, ça fait dix ans que tu es parti. Dix ans que chaque année, le 16 janvier, je prends un temps de recul pour te dire au revoir une fois de plus. Dix ans à me demander si le trou que tu as laissé dans ma vie a été patché. Dix ans à répondre que oui, mais on s’entend, une patch, c’est pas comme un tissu neuf. Elle fait la job, mais ce n’est jamais pareil comme avant.
Toi et moi, nous étions les amis les plus improbables. Toi, l’intello à lunettes, et moi, la hippie qui sentait le patchouli. Beau match! Mais, mon Dieu qu’on s’est tout dit, mon Dieu qu’on a ri! Justement, parlons-en de lui. As-tu demandé à Dieu, s’il existe, pourquoi on meurt du cancer à 29 ans? Pourquoi on n’aura jamais l’occasion de voir la fille avec qui je t’avais si bien matché descendre l’allée en grande robe blanche? Pourquoi je n’ai pas pu te crier au téléphone que je l’avais enfin eu, mon fameux contrat? Pourquoi tu ne seras plus là pour trinquer avec tes chums une victoire des Canadiens?
Malheureusement, tu es le seul à connaître les réponses. Je n’ai eu d’autres choix que de trouver les miennes et d’apprendre à évoluer sans toi. Je n’ai pas eu le choix d’en tirer une leçon de vie, la plus importante. Le genre de leçon qui te fait comprendre que la vie, c’est maintenant. Pas demain, pas dans un an, pas dans dix ans; maintenant! La vie, il faut mordre dedans, très fort, et surtout ne pas attendre d’avoir fait le tour du -verger avant de profiter de ses fruits.
Il faut plonger, se lancer. Oui, on va se casser la gueule parfois; ça, oui, tu le sais. Mais on va se relever parce que sans ça, on n’avancera pas. Je le comprends d’autant plus en ce 10e anniversaire de ta mort au moment où, coïncidence certes, la vie vient de me donner une belle grosse claque.
Malgré tout, je vais continuer, pour toi, pour moi, pour nous deux, mon ami, et pour tous ceux qui t’ont connu. Surtout parce que j’ai la chance, contrairement à toi, d’avoir encore tout un verger de belles pommes à croquer.
Tu es parti, et avec toi j’ai appris, et grâce à toi j’apprends encore, même si tu n’es plus là.