Vie rurale 19 septembre 2014

La zone agricole serait amputée de 1200 hectares

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Contrairement à Montréal, la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) ne gèle pas sa zone blanche dans son projet de Plan d’aménagement et de développement Bâtir 2031 (Plan), dévoilé le 5 mai dernier.

Malgré des critères plus rigoureux et une densification des zones habitées, ce Plan comporte le dézonage de quelque 1200 hectares (ha) de sol agricole afin de satisfaire ses besoins résidentiels et industriels. La limitation de la pression de l’urbanisation sur les milieux agricoles et naturels constitue la troisième priorité d’aménagement de ce Plan adopté à l’unanimité par les 28 municipalités et les trois MRC de la CMQ. Le Plan définitif sera adopté d’ici le 31 décembre 2011, après une consultation populaire et un avis du ministre des Affaires municipales.

« L’adoption d’un moratoire ne garantit pas la qualité du développement, a précisé à la Terre Michel Rochefort, coordonnateur de l’aménagement du territoire à la CMQ. Les élus ont préféré permettre une certaine expansion des périmètres d’urbanisation, encadrée par des balises précises. La CMQ a choisi de mieux aménager son territoire au lieu d’en laisser l’initiative aux promoteurs. »

La CMQ a une réputation à refaire, car sa consommation d’espace (8 %) a largement dépassé le taux de croissance de sa population (1 %) entre 2000 et 2008. Quelque 775 ha ont ainsi été détournés de leur vocation agricole soit par exclusion, soit par utilisation à des fins autres qu’agricoles, durant cette période. Pour contrer cette tendance, le Plan vise à ce que 75 % de la croissance se réalise désormais en milieu urbain.

Croissance

D’ici 2031, quelque 70 000 nouveaux ménages viendront s’établir sur le territoire de la CMQ. Les municipalités pourront agrandir leur zone blanche à des fins résidentielles, mais leur demande devra s’appuyer sur des perspectives de croissance démographique établies par l’Institut de la statistique du Québec. Elles devront aussi démontrer qu’elles ont répondu aux objectifs de polarisation et de consolidation établis au Plan et que l’agrandissement ne peut être réalisé ailleurs qu’en zone verte. Le Plan prévoit que quelque 1100 ha agricoles seront convertis en résidences. « Il est probable que ça prenne 20 ans avant que cette superficie brute ne soit totalement occupée, a expliqué M. Rochefort, car la CMQ applique le principe de dézoner deux terrains par demande de logement afin d’éviter la spéculation. » Quelque 165 ha seront aussi requis de la zone verte pour l’agrandissement du parc industriel de Lévis.

La perte de sol agricole aurait pu être plus lourde sans l’adoption de critères de densité résidentielle. Le pire scénario envisagé dans le rapport Bâtir 2031, dévoilé l’automne dernier, bouffait 1586 ha de sol agricole et 5500 ha de milieux humides et boisés. Le Plan dit chercher à maintenir la pérennité du territoire et des activités agricoles à des fins économiques et alimentaires. La zone verte couvre 28 % du territoire de la CMQ et comprend 680 fermes, dont les revenus totalisent 114 M$. La chaîne agroalimentaire fournit 50 000 emplois, soit 12,4 % des emplois totaux de la CMQ. Le Plan vise une occupation dynamique du territoire en reconnaissant la multifonctionnalité de l’agriculture.