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Je ne sais pas si c’est parce que je vieillis, mais ce matin, j’ai pleuré et je ne m’en suis pas cachée. Hier soir, une vache a mis au monde un deuxième veau et on a eu le bonheur d’avoir une belle génisse. Il faut se le dire, l’année a été riche en mâles, abondante même. Ce matin, lorsque j’ai appelé le vétérinaire, je voulais absolument la sauver, celle-là.
J’aurais souhaité la garder, la bichonner, l’aimer, la voir grandir et la faire vêler; pas parce que sa lignée est meilleure ou qu’elle était plus belle que les deux autres venues au monde au début de la semaine, mais je la voulais, celle-là. Pourtant, ça va faire 25 ans que je fais ce métier. Je connais les risques : si on n’en avait pas, on ne perdrait pas d’animaux. Mais moi, je la voulais, celle-là.
J’ai pleuré. C’était assez éprouvant pour le vétérinaire qui se confondait en excuses. Il a même senti le besoin de spécifier :
« On a des assurances.
– Arrête, c’est OK. J’ai juste envie d’une grosse dose de compassion. Sinon, va-t’en, que je pleure seule. »
Je voulais vraiment la sauver. Sa perte a fait déborder mon verre déjà à ras bord depuis un sapristi de bout de temps. L’année a été riche en émotions, riche en défis de toutes sortes sur le plan du travail, de la famille, des amis et de la croissance personnelle. Tout y est passé.
On en ressort plus fort de toutes ces nouvelles expériences. On gagne en sagesse.
Je ne sais pas si c’est parce que je vieillis, mais ce matin, j’ai pleuré sans me cacher. Je voulais la sauver, celle-là!