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« J’avais mal à la jambe depuis environ sept ans. J’avais rencontré plusieurs massothérapeutes de la région. D’après mes symptômes, tous me disaient que ma douleur était probablement due au nerf sciatique coincé dans ma fesse droite [le mal de plusieurs agriculteurs], car j’étais souvent assis de ce côté-là dans le tracteur. Ma douleur ne partait pas! » raconte Raymond, un producteur laitier dans la soixantaine. Puis, un jour, un massothérapeute lui a fortement conseillé d’aller voir un médecin.
Consulter n’est jamais facile, encore moins pour un homme qui ne veut pas arrêter son « ouvrage » à la ferme. Parfois, la vie nous donne des signes. Lorsque le corps nous parle, sommes-nous capables de l’écouter?
Malgré les différents signaux d’alarme que son corps lui avait lancés au cours des années avec ses maux de dos, à la jambe et au genou, Raymond ne s’inquiétait pas outre mesure. Il pensait que c’était normal. « J’ai pris un -rendez-vous à l’hôpital et c’est comme ça que j’ai su que ma hanche avait trop d’usure. Elle avait travaillé fort cette hanche-là, tellement fort qu’il fallait la changer », dit-il en souriant. Et c’est ainsi qu’une série de rencontres à l’hôpital a débuté. On a pris des radiographies, prescrit des médicaments antidouleur et mis Raymond sur une liste d’attente d’une intervention chirurgicale. « J’avais peur que ça ne revienne pas comme avant, d’être incapable de ne rien faire et j’avais sûrement peur de vieillir », poursuit-il. Après neuf mois d’attente, on l’a opéré en février 2015.
Puis est venu le moment de la convalescence. En agriculture, celle-ci est souvent écourtée. « J’ai recommencé trop vite. Je n’avais pas le choix; je souhaitais faire les semences avec mon gars. Je ne voulais pas le laisser seul », précise le producteur. Pour être en mesure de semer en même temps que tout le monde, Raymond a fait ses exercices de physiothérapie « cinq à six fois par jour ». Après un mois et demi, il a laissé tomber sa canne. Il se rappelle les « bouts durs » de son rétablissement, mais il était motivé de voir « que ça remontait ». Après deux mois, il était sur son tracteur pour les semailles. « Le médecin m’a dit qu’un homme qui travaille dans la construction doit arrêter au moins six mois. Moi, après deux mois, je recommençais. »
Avec le recul, Raymond est en mesure de voir du positif dans son opération. « Ce qui est bien, c’est que ça m’a permis de lâcher prise plus vite en ce qui a trait au transfert de ferme. J’ai pu laisser les rênes à mon fils et réaliser qu’il était vraiment capable sans moi. Il a su prendre les bonnes décisions et tout s’est bien passé. Ça prenait peut-être ça pour que je lâche un peu. J’ai appris que l’important, c’est que le travail soit effectué, même s’il n’est pas fait à notre manière. »
Aujourd’hui, Raymond est encore à la ferme avec son fils. Ils ont engagé un employé, ce qui leur permet de respirer et de ralentir. Raymond ne fait presque plus la traite, car sa hanche le fait souffrir, mais il accepte malgré tout son nouveau rythme. S’il a un conseil à donner aux autres : « N’ayez pas peur. Faites-vous opérer sans attendre et prenez le temps qu’il faut pour votre convalescence. Après, vous repartirez comme un neuf! »