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MONTÉRÉGIE — Les agriculteurs connaissent leur propriété comme le fond de leur poche.
Ils découvrent d’ailleurs de temps à autre des vestiges anciens qui éveillent leur curiosité, particulièrement lors des travaux agricoles. Parfois, ce sont leurs enfants, en jouant autour des bâtiments, qui dénichent des objets inusités, qu’ils viennent par la suite montrer fièrement aux parents, un brin d’Indiana Jones dans l’âme. En fait, qui n’a pas trouvé un jour sur son terrain un morceau d’assiette ancienne, une pièce de fer forgé antique, voire une pointe de flèche en pierre? Ces vestiges d’un autre temps sont habituellement rangés soigneusement dans une petite boîte qui devient pour ainsi dire leur « coffre aux trésors ». Or, souvent, ces objets recèlent une histoire fascinante qui mérite d’être documentée : celle de leur propre ferme.
Heureusement, de plus en plus, les producteurs agricoles signalent ces découvertes et aident ainsi les archéologues à écrire une page de l’historiographie de leur région. À l’occasion, leur enthousiasme les amène même à collaborer activement aux recherches. C’est d’ailleurs le cas dans la région de Saint-Anicet où la municipalité régionale de comté (MRC) du Haut-Saint-Laurent, avec le concours du ministère de la Culture, Direction de la Montérégie, pilote depuis 20 ans un programme d’inventaire archéologique qui a permis de mettre au jour les traces des premiers agriculteurs du Québec : ces mêmes Amérindiens que Jacques Cartier a rencontrés lors de ses voyages à Stadaconé (Québec) ou à Hochelaga (Montréal).
C’est un colon écossais de l’arrière-pays anicetois qui est à l’origine des premières découvertes de vestiges vers les années 1820 lorsqu’en sarclant son champ de maïs, il déterre également des morceaux de poteries anciennes. Il signale par la suite ses trouvailles à un journaliste du Gleaner d’Huntingdon qui publie la nouvelle dans un livre relatant la vie rurale de l’époque. Presque deux siècles passent avant que l’on se lance sur cette piste intrigante. Finalement, les recherches s’amorcent au début des années 1990. Dès lors, au fil des ans, plus d’une cinquantaine d’agriculteurs ont donné la permission d’intervenir sur leur propriété, mentionné l’existence d’artefacts ou même accompagné les archéologues de la MRC, lors de leurs enquêtes sur le terrain. La récolte s’est avérée à la mesure de l’implication des propriétaires terriens : fabuleuse. Et quel trésor! On y a retrouvé trois des sept villages iroquoiens connus au Québec, dont le plus ancien et le plus important découvert sur le territoire québécois. En tout, près de 800 000 artefacts ont été excavés jusqu’à maintenant, incluant plus de 30 000 grains de maïs, de haricots, de courges et de tournesol, dont certains atteignent presque 700 ans. Ce n’est toutefois que la pointe de l’iceberg et bien d’autres découvertes d’envergure sont à prévoir.
Après toutes ces années de collaboration, un nouveau pas a récemment été franchi avec la création d’un comité consultatif de la MRC, où siègent des membres de l’Union des producteurs agricoles (UPA) provenant de la région. Ce comité vise à mettre de l’avant des moyens pour assurer la conservation des sites archéologiques dans le respect des activités agricoles. Les résultats attendus sont particulièrement prometteurs. À suivre!