Alimentation 19 décembre 2018

Les Fêtes, une manne pour les artisans

Pour bien des artisans culinaires de la province, les Fêtes constituent un tremplin significatif pour leurs produits nichés. Cette période de réjouissances sert même de locomotive à leur entreprise pour l’année à venir et les marchés de Noël et boutiques spécialisées sont des vitrines exceptionnelles.

Grâce à ses marinades de légumes, Josée Roy, de la ferme La fille du Roy, réalise près de 20 % de son chiffre d’affaires uniquement pour les Fêtes. C’est durant cette période qu’elle écoule une grande quantité de ses petits pots de cœurs d’artichauts marinés et de tapenade, les produits phares de son entreprise. « [Dès la fin des récoltes d’été], on en prépare beaucoup en fonction de nos ventes à la ferme, mais aussi pour le marché de Noël à Longueuil », affirme la productrice de Sainte-Madeleine, en Montérégie.

Du côté de la Ferme Guy Rivest à Rawdon, dans Lanaudière, les perles et alcools de petits fruits vendus en prévision des Fêtes représentent environ 30 % des profits annuels de la boutique. Pour cette période festive de l’année, « les gens cherchent en général quelque chose d’inusité, de moins commun », constate la productrice et copropriétaire Christine Rivest. C’est pourquoi ce sont ses perles de canneberges et d’érable qui ont le plus la cote chez les consommateurs, indique-t-elle. Toute son équipe et elle font un grand blitz de production en novembre pour remplir leur kiosque d’exposition au Salon des métiers d’art de Montréal ainsi qu’aux marchés de Noël de Joliette et de Trois-Rivières.

Chez Plaisirs gourmets, de Neuville, qui distribuent des fromages québécois, décembre représente environ 20 % des ventes de l’année, soit plus que le double d’un mois habituel. « Décembre, c’est gros. Toute la période des Fêtes est très importante pour nous », explique la présidente de l’entreprise, Nancy Portelance. De plus, ces ventes donnent la possibilité de faire le pont entre les mois plus mornes de janvier, février et mars, et la reprise de la saison agrotouristique.

Les réceptions de Noël et du jour de l’An permettent aussi de mettre en lumière les produits d’ici. « Les Fêtes sont l’occasion de partager et un plateau de fromages, c’est rassembleur, note Mme Portelance. Les gens n’achètent pas qu’un seul fromage, mais plusieurs morceaux. » 

Victimes de leur succès

Cette année, Plaisirs gourmets, de Neuville, qui distribuent des fromages québécois, vivent un mois de décembre extraordinaire puisque l’engouement pour les produits locaux et l’histoire d’amour des Québécois avec les fromages d’ici ont fait gonfler les ventes de 15 % par rapport à décembre 2017. « Nous avons eu de belles distinctions », mentionne la copropriétaire Nancy Portelance, faisant ainsi référence aux nombreux prix Caseus remportés par ses protégés. Ces honneurs se répercutent dans les carnets de commandes qui débordent à l’occasion. « Nous sommes dans la production artisanale, donc la demande est quelquefois plus grande que l’offre », résume Mme Portelance.

Avec la neige qui est tombée plus tôt cette année, « ça a réveillé les gens ! Ils étaient déjà dans l’ambiance de Noël », constate Isabelle Drouin, du Marché des Saveurs de Montréal. Cet incitatif météo a un impact sur la gestion des stocks, surtout pour les grosses commandes provenant d’entreprises. Aussi, « avec les nouveaux produits, on ne sait jamais quel sera l’engouement de la clientèle. Mais en parlant avec les producteurs, on sait plus à quoi s’attendre », relate Mme Drouin.

Isabelle Drouin, copropriétaire du Marché des Saveurs de Montréal, une boutique située au Marché Jean-Talon. Crédit photo : Myriam Laplante El-Haïli / TCN
Isabelle Drouin, copropriétaire du Marché des Saveurs de Montréal, une boutique située au Marché Jean-Talon. Crédit photo : Myriam Laplante El-Haïli / TCN

Les vedettes du terroir

Au Marché des Saveurs de Montréal, la plus importante vitrine du terroir québécois qui compte plus de 7 000 produits artisanaux, jusqu’à 40 % des ventes annuelles sont destinées aux cadeaux et aux réceptions de Noël. Les fromages de spécialité ou encore le foie gras, transformé ou frais entier, « c’est quelque chose qu’on vend plus qu’en saison normale. C’est du haut de gamme, plus coûteux. Ce ne sont pas des produits de consommation courante », affirme Isabelle Drouin, copropriétaire de la boutique située au Marché Jean-Talon.

Elle note d’ailleurs un grand intérêt pour les macarons au foie gras et aux prunes épicées de Rusé comme un canard à Granby, ainsi que le fromage de lait cru biologique Alfred le Fermier, de la fromagerie La Station de Compton, qui « sort plus dans le temps des Fêtes ». À cette liste, elle ajoute le gin tonique à l’argousier de Monsieur Cocktail et l’ail noir de L’ail de l’île, qui connaît un engouement particulier cette année.

Des macarons au foie gras de Rusé comme un renard. Crédit photo : Myriam Laplante El-Haîli/TCN
Des macarons au foie gras de Rusé comme un canard. Crédit photo : Myriam Laplante El-Haîli/TCN