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Bruno, un producteur laitier, a récemment publié un touchant témoignage sur les médias sociaux. Voici les grandes lignes de son message : « La détresse psychologique dans le monde agricole est présente, bien présente. Elle s’installe sournoisement », a-t-il écrit.
En effet, ce mal-être qu’a vécu Bruno est malheureusement courant dans les fermes. Dans son témoignage, nous pouvons réellement sentir sa souffrance. On pense que ça n’arrive qu’aux autres, qu’aux « plus faibles », jusqu’à ce qu’« on se réveille un matin, à peine capable de mettre un pied devant l’autre; plus le goût de rien, et tout semble insurmontable », a mentionné Bruno.
Pour quelles raisons un entrepreneur agricole peut-il en arriver à ne même plus vouloir se lever le matin? Pour Bruno, les motifs étaient nombreux : « Les baisses de revenus, la hausse des dépenses, la pénurie de main-d’œuvre, le manque de vacances, l’augmentation d’obligations administratives [paperasse], les normes à respecter, la responsabilité d’avoir à faire bonne figure, non pas à un, mais à plusieurs niveaux, ça pèse sur les épaules. Ceux qui nourrissent la -planète sont en bas de l’échelle; ils sont piégés, coincés entre leur amour du métier et la peur de ne plus être capables d’en vivre dignement. »
Pris dans un étau en raison de sa passion de l’agriculture, du devoir de performer, de la culpabilité de faire honneur aux générations qui l’ont précédé, Bruno est « tombé malade ». « La dépression m’a eu. Mais ça se soigne. Bien sûr que ça se soigne! » enchaîne-t-il. Toutefois, la réalité agricole étant ce qu’elle est, il est difficile d’arrêter, de réellement décrocher pour se ressourcer, pour reprendre des forces. Bruno en a fait l’expérience : « Le commun des mortels aurait eu un papier du médecin à remettre à son employeur lui permettant de prendre du repos. J’ai donné mon papier à mes vaches. Elles m’ont jeté un regard bovin, avant de continuer à manger. Alors j’ai dû prendre du repos, par doses de 15 minutes entre deux travaux à faire, deux téléphones, deux visites de vendeurs, et ça, c’est une journée relax! » Pour la plupart des agriculteurs, aller chez le médecin est une épreuve en soi lorsqu’ils se font dire d’arrêter. Au mieux, ils vont ralentir, mais arrêter, c’est très rare.
Ses vaches ont continué à manger; elles allaient bien. C’est leur maître qui ne savait plus comment s’en sortir. Il a voulu s’isoler, se cacher, mais ses proches en ont décidé autrement. « J’ai un entourage exceptionnel qui m’a donné la possibilité d’entreprendre des traitements et de réfléchir à ma situation. Je ne les remercierai jamais assez! » Tous se sont mobilisés pour lui permettre d’avoir du répit à la maison Au cœur des familles agricoles (ACFA), pour lui donner la chance d’aller mieux, de prendre du recul, de se retrouver lui-même. Sa famille et ses amis ont agi comme filet de sécurité, mais « tous n’ont pas cette chance. J’ai pu recevoir de l’aide, mais certains ne bougeront rien et ça, c’est triste ».
Il a maintenant une chose en tête : « Vivre. Je ne sais pas ce que je deviendrai, ce que je ferai, mais j’ai l’occasion de me refaire une vie, de redécouvrir ce qui me passionne, de recoller les morceaux. » Il le fait pour lui, pour être heureux, pour trouver un sens à ce qu’il a traversé. Pour terminer, il veut laisser ce message : « Chers amis, agriculteurs ou non, soyez à l’affût. Faites attention à vous et écoutez-vous! »