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Dany Rodrigue, Axel Josué Saloj Miculax, Éric Belval, Christian Labonté, Henri André, Alain Beaudry, Anthony Lalumière, Denis Douville et Michaël Gélinas. En moins de 15 ans, ces neuf personnes sont mortes intoxiquées dans un silo à ensilage ou une préfosse. Les recommandations du coroner, les moyens de prévention et l’équipement de protection ne suffisent pas. Réflexion sur une problématique des plus dramatiques.
Dans un rapport qu’il a choisi de présenter sans la moindre recommandation, à la suite de la mort d’un agriculteur, le coroner Yvon Garneau vient de livrer un message fort au monde rural : les conseils de prévention ne passent pas. Pendant ce temps, on continue de mourir d’intoxication au gaz dans les fermes du Québec.
« C’est malheureux qu’on ait encore des accidents mortels en lien avec ça [les intoxications aux gaz], dit-il. Il y a une récurrence de ce problème et à mon avis, les recommandations ont déjà toutes été faites et dites », affirme Yvon Garneau en entrevue à La Terre.
Tel est le constat de son récent rapport sur la mort du producteur de 52 ans Christian Labonté, en septembre 2017, dont le nom s’ajoutait à une série de cas semblables survenus depuis 2004.
Pourquoi le coroner n’a-t-il formulé aucune recommandation relativement au « triste » accident de M. Labonté? En raison des efforts importants de sensibilisation déjà déployés par l’Union des producteurs agricoles (UPA) et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). M. Garneau ne jugeait pas pertinent de répéter, encore une fois, les mêmes directives.
Il note toutefois que l’absence d’un masque à gaz, de ventilation et d’évaluation de la qualité de l’air sont les facteurs responsables de l’accident. Des faits que n’ignorent pas les agriculteurs. Pourtant, de pareilles intoxications ont causé la mort de trois autres personnes cette année. « Il faut croire que le message ne passe pas. De nouvelles formules doivent être pensées », croit M. Garneau.
Toujours en quête de solutions
L’UPA prévoit justement consacrer son colloque de 2020 sur la santé et la sécurité du travail à la prévention des risques associés aux gaz d’ensilage, de lisier et de fumier. Mais face à cette situation préoccupante, « on ne veut pas attendre deux ans pour réagir », assure Martin Caron, premier vice-président de l’organisation.
L’Union prépare déjà un plan d’action avec la CNESST, qui pourrait inclure une tournée chez les producteurs laitiers, car il n’y a pas qu’une seule et unique méthodologie à suivre pour sécuriser les lieux, souligne M. Caron.
En entrevue avec La Terre, François Granger, l’expert en prévention de la CNESST, reconnaît le défi que posent les interventions en milieu agricole. « Les approches, on les remet souvent en question pour voir si on peut améliorer les choses, dit-il. C’est sûr que la sensibilisation a ses limites. On essaie de trouver des solutions. La collaboration de tous les milieux est très importante. »
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