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Je roule dans une vieille Versa 2009, rouillée, poussiéreuse et un peu trop due pour un changement d’huile. Toujours un peu trop vite, dans mon p’tit char où il traîne trop de choses et où ma robe noire n’est pas la bienvenue quand je m’habille propre.
Je roule sur un chemin de terre cahoteux que je connais par cœur en évitant bien mal les trous, ici, là, là et là. Printemps, été, automne, hiver! Ma route, sa gran’ligne et son gros croche que les touristes prennent toujours avec beaucoup trop de confiance.
Une route où je pars à l’aube et reviens à la lueur des étoiles en brûlant des fois une p’tite du Maurier (allo, papa et maman!) parce que oui, ma vie est ainsi faite. Des va-et-vient entre la maison sans rideaux où les fenêtres sont plus sales que jamais. Une maison où le temps me manque parce que j’ai trop d’ouvrage et trop de chapeaux : mère fois quatre, chargée de cours, professionnelle de recherche, entrepreneure et alouette! Cette maison où je m’ennuie de mes enfants; ces nuits où je reviens trop tard pour un dernier câlin.
La route, mes routes et ses combinaisons qui se déclinent comme à Loto-Québec : 4e Rang, route 112, route 253 et route 108. Des numéros, des poteaux, des branleux, des trucks de bois, de gravelle, des porcs-épics un peu trop audacieux finis écrapoutis, des orignaux qui prennent des marches, des arbres à perte de vue et des collines qui me donnent l’impression d’habiter un chalet à l’année.
Je roule dans ma Versa si vieille qu’on peut y écouter des disques en racontant aux enfants que, dans l’temps, on devait changer la cassette de bord. Je roule depuis si longtemps dans ma ruralité extraordinaire parsemée de mille choses qui m’ébahissent jour après jour et que je partage avec eux quand je prends la minivan.
La route est ma thérapie dans un paysage où le soleil et la lune se bataillent les plus beaux points de vue. Elle est une partie de mon équilibre dans cette vie chargée jour et nuit : 38,6 km pour penser, aller-retour, une heure par jour; sans pont, ni bouchon, ni banlieue et ces maisons alignées, toutes pareilles. Sans tambour ni trompette, que des dindes sauvages trop audacieuses qui traversent à la queue leu leu en se rappelant finalement qu’elles savent voler.
Je roule sept jours sur sept sur ma route si belle qui sillonne la campagne vallonneuse du Haut-Saint-François et qui me ramène depuis toujours à la même place : chez nous.