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Quelle est votre définition d’une agricultrice? Lorsqu’on pose la question à Natacha Lagarde, présidente des Agricultrices de Chaudière-Appalaches-Est, elle nous répond : « Quand on écrit “qu’est-ce qu’une agricultrice” sur Google, c’est la définition d’un agriculteur qui apparaît… Faites le test! » Pourquoi cette question? Parce que se reconnaître comme agricultrice, c’est aussi prendre conscience de la valeur de son travail à la ferme.
Certaines femmes n’osent prétendre au statut d’agricultrice. Qu’est-ce que ça prend pour se définir comme « agricultrice »? Posséder une ferme? Être salariée? Avoir des parts? Ces définitions excluraient beaucoup de femmes.
En effet, plusieurs conjointes d’agriculteurs accomplissent encore diverses tâches dans l’entreprise familiale sans être rémunérées. L’entourage peut contribuer à la sous-évaluation du travail de ces femmes… tout comme il y a régulièrement une grande sous-estimation, par les femmes elles-mêmes, de leur travail dans l’entreprise. « Je fais juste m’occuper des p’tits veaux. » « Je fais juste la traite pour dépanner. » « Je fais juste participer aux gros travaux de l’été. » « Je fais juste nettoyer le matériel de traite, laver les fenêtres des bâtiments et préparer les repas pour les employés. » « Je fais juste tenir la comptabilité, payer les -factures, faire les commissions, vendre au marché. » Comment demander à la famille, à la belle-famille, aux intervenants agricoles de reconnaître la valeur de notre -travail lorsqu’on ne la reconnaît pas soi-même?
Pour Natacha, ce n’est pas compliqué, une agricultrice, c’est « toute femme qui travaille à la ferme ou dont le quotidien est agricole, qu’elle soit propriétaire ou non de l’entreprise ». Elle précise : « Tu travailles à l’extérieur et tu vis à la ferme, tu es agricultrice. Tu restes à la maison avec les enfants pendant que ton conjoint travaille à la ferme, tu es agricultrice… OUI, tu es agricultrice! »
Il est vrai que la conjointe d’un avocat ne devient pas avocate, celle d’un économiste, une économiste, pas plus que celle d’un électricien ne devient électricienne. Toutefois, dans une entreprise agricole, il est beaucoup plus difficile de départager la zone travail et la zone domestique. Vivre à la ferme entraîne généralement de multiples rôles et fonctions, que ce soit à la maison, à l’étable ou au champ.
Au cours des dernières décennies, il y a certes eu des avancées dans le processus de reconnaissance économique et professionnelle des femmes en agriculture. D’ailleurs, l’égalité fait partie du quotidien de Natacha. Néanmoins, celle-ci est bien consciente que toutes les femmes n’ont pas droit à la même valorisation de leur travail. Lorsqu’il ne génère pas de reconnaissance, le travail engendre souvent bien des frustrations. Personne ne peut se targuer de ne pas avoir besoin de reconnaissance. C’est ce que nous dit Natacha : « L’humain a besoin de reconnaissance. On ne peut pas dire à une femme de travailler à la ferme et la reléguer au même titre qu’une machine. On ne peut pas lui dire que rien de cela ne lui appartient. Psychologiquement parlant, elle manquera de motivation.
Pour assurer le bon fonctionnement de nos fermes et éviter que tout s’écroule, il faut que les agricultrices et agriculteurs soient heureux et épanouis, car sans humains, pas d’agriculture! » La reconnaissance de notre travail nous fait du bien. Plusieurs producteurs agricoles déplorent le manque de reconnaissance de leur travail par le gouvernement, mais on peut commencer par regarder dans sa cour et se demander si on reconnaît le travail accompli par ses proches.