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BOUCHERVILLE — Les équipementiers s’adonnent présentement à une véritable course à l’accaparement des données. Chacun se les arrache pour perfectionner ses produits et ne permet pas nécessairement à l’agriculteur d’en disposer à sa guise.
C’est ce qu’ont affirmé le spécialiste en systèmes fourragers chez Valacta Maxime Leduc et son collègue analyste en valorisation des données René Lacroix dans le cadre d’une présentation sur les défis du virage numérique en agriculture, le 18 octobre. Ils s’adressaient aux agronomes réunis en congrès annuel à Boucherville.
« Comme vous l’avez fait pour la gestion des pesticides, vous avez la possibilité de guider les producteurs et de les pousser à réfléchir à ce que font les compagnies avec leurs données », a lancé M. Leduc.
Il souhaiterait qu’une liste de questions inspirées de la certification américaine Ag Data Transparent soit préparée et distribuée par les agronomes pour outiller les agriculteurs qui doivent approuver toutes sortes de conditions d’utilisation. « Est-ce que le producteur a le droit de supprimer ses données ou de les transférer comme il veut? Est-ce que la compagnie a le droit de transférer les données à une autre entreprise sans le dire au producteur et vice versa? » a-t-il mentionné, en entrevue avec La Terre.
Son collègue René Lacroix a d’ailleurs fait remarquer à l’auditoire que peu de gens lisent les interminables conditions d’utilisation des logiciels. « Ce sont les jeunes qui sont porteurs de la technologie, a par la suite précisé l’analyste à La Terre, mais je ne suis pas sûr qu’ils ont pleinement conscience des enjeux légaux et d’affaires autour de ça. Il faut que les regroupements de producteurs et les gouvernements s’intéressent à cette question-là. »
Risques encourus par les producteurs
Parmi les risques reliés à l’accaparement des données, Maxime Leduc note en premier lieu le fait que le producteur soit attaché à un seul équipementier. Lorsque viendra le temps par exemple de remplacer son robot de traite, un réseau fermé empêchant le transfert de données limitera le choix de l’agriculteur. « Si la compagnie dit au producteur que pour conserver ses données, son outil de gestion, il faut qu’il reste avec elle, le coût du changement de technologie va tellement être élevé », a expliqué le stagiaire postdoctoral chez Valacta.
Autre risque : que les plus riches accèdent à de meilleurs outils technologiques que les moins nantis, qui n’auront pas les moyens d’absorber ce coût irrécupérable. À son avis, une réglementation permettrait de faciliter l’accès aux données par tous, sauf qu’un mouvement de masse devra d’abord s’organiser pour la réclamer.