Économie 28 octobre 2018

Une équipe d’intervention pour entrepreneurs en ébullition

Afin de stimuler davantage les régions agricoles et forestières qui se dévitalisent, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) propose de créer une équipe d’intervention spécialisée pour accompagner les producteurs au quotidien.

« Les besoins sont tellement criants! On ne peut plus attendre pour agir », indique Marc Tétreault, agronome et directeur de la Fédération de l’UPA de la Gaspésie-Les Îles. Il fait notamment référence à la production laitière, un secteur où plusieurs entreprises ont fermé leurs portes au cours des dernières années. « C’est préoccupant, surtout avec le nouvel Accord États-Unis–Mexique–Canada », mentionne-t-il, soulignant qu’il ne reste que 14 fermes laitières dans la région.

François L’Italien. Gracieuseté.
François L’Italien. Gracieuseté.

Les filières bovines et ovines sont aussi à surveiller, ajoute M. Tétrault, en citant l’Abattoir de Luceville, dont la poursuite des activités est un enjeu majeur pour la région.

Appui multidisciplinaire

Du nom d’Agrofor, cette nouvelle unité viendrait donner « des capacités opérationnelles supplémentaires » aux entrepreneurs de la relève, mais aussi à ceux déjà bien établis en Gaspésie-Les Îles et au Bas-Saint-Laurent. 

Le projet mis de l’avant à la suite de l’étude de l’IREC est le fruit de près de deux ans de travail avec les deux fédérations de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et les directions régionales du ministère québécois de l’Agriculture concernées. Le rapport d’une quarantaine de pages est la première étape de la création d’Agrofor, qui devrait voir le jour au cours des prochaines semaines.

Il y a vraiment « une urgence d’agir » dans plusieurs filières agricoles, considère François L’Italien, chargé de projet à l’Institut et auteur de l’étude. « On doit trouver une façon de ramener les candidats de la relève, de jouer les atouts des régions et de maximiser l’octroi de contingents [quotas] », énumère-t-il. 

La création d’une équipe multidisciplinaire donnerait de nouveaux outils, tant techniques, financiers qu’administratifs, plus adaptés aux différents besoins des producteurs. « S’il existe déjà des organismes régionaux “généralistes” [..], il n’y a pour l’instant aucun instrument qui intervient spécifiquement et simultanément sur les filières, l’établissement de la relève et la revitalisation des territoires », peut-on lire dans l’étude. 

[Le projet d’Agrofor] « est une mesure à laquelle on croit pour répondre aux besoins du secteur », ajoute le directeur régional Marc Tétreault. C’est pourquoi les acteurs du projet prévoient déjà l’embauche rapide d’un premier agent de développement tout en poursuivant la recherche de financement.

On estime à 400 000 $ le budget annuel de base pour mettre en place une équipe composée de quatre professionnels. Du côté de la Gaspésie, des rencontres sont planifiées en novembre avec des élus régionaux et provinciaux. 

Un problème de taille

La revitalisation des régions éloignées ne doit pas passer que par la main-d’œuvre, insiste M. L’Italien. « Si on veut régler le problème démographique, il faut le faire de façon durable; pas seulement en déplaçant des contingents de travailleurs étrangers ou temporaires. »

Il soulève l’importance de « renverser cette dynamique qui pénalise les producteurs » alors que plusieurs « doivent faire des pieds et des mains pour être rentables ». 

Le directeur de la Fédération de l’UPA de la Gaspésie-Les Îles, Marc Tétreault, espère que les décideurs seront enclins à soutenir le projet d’Agrofor pour créer un meilleur environnement d’affaires dans les régions éloignées.