Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Inquiets des répercussions de l’Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC) sur l’agriculture d’ici, des consommateurs ont lancé un boycottage de certains produits laitiers, soupçonnés de contenir des ingrédients d’origine américaine.
Arrivé tout récemment au Canada, le lait Fairlife fabriqué par Coca-Cola est visé par le boycottage à la suite d’un appel sur les réseaux sociaux. Le transformateur Parmalat a aussi fait les frais de ce mouvement. La multinationale a d’ailleurs envoyé une lettre à tous ses clients, assurant que son lait de marque Lactantia et Béatrice est entièrement constitué de lait canadien.
Parmalat n’utilise pas le logo Lait 100 % canadien, principalement pour des raisons visuelles, a confirmé à La Terre la porte-parole de l’entreprise, Anita Jarjour. Plusieurs internautes ont interpellé les transformateurs qui laissent de côté le logo.
Pour Jacques Nantel, spécialiste bien connu du commerce de détail, le boycottage de produits s’avère relativement peu efficace. « Ç’a beaucoup plus d’impact si le mouvement est positif. C’est plus facile de mettre sur la pinte de lait que le produit est local plutôt que d’écrire qu’il ne contient pas d’ingrédients américains », explique le professeur émérite. Il salue la certification Aliments du Québec, « l’une des plus efficaces et qui risque de l’être de plus en plus ». Cette dernière garantit que les denrées proviennent entièrement du Québec. Plusieurs produits laitiers arborent son logo.
Vague d’appui
De leur côté, les Producteurs de lait du Québec (PLQ) ont utilisé les médias sociaux pour publier un guide dans le but d’aider les gens à mieux repérer les produits 100 % canadiens à l’épicerie. Cette campagne a rejoint plus de 353 000 personnes. L’organisation a également reçu plus de 360 appels et courriels de concitoyens préoccupés.
Mais pour les PLQ, l’enjeu ne consiste pas à convaincre les consommateurs d’acheter les produits laitiers identifiés comme étant du Canada, mais à les aider à les trouver. « En fait, ce ne sont pas tous les transformateurs qui utilisent les logos et on n’a pas le moyen de les contraindre à le faire », explique son porte–parole, François Dumontier. Les Producteurs demandent actuellement au fédéral de modifier les règles d’étiquetage obligatoires « afin d’aider à repérer efficacement les produits canadiens ».
Pas un feu de paille
Maurice Doyon, professeur d’économie agroalimentaire à l’Université Laval, croit que la vague de popularité des produits laitiers d’ici ne s’effritera pas de sitôt. « C’est un mouvement plus général que je ne vois pas s’atténuer du tout. Il y a une nouvelle génération de consommateurs, très soucieux de la provenance des aliments et de la façon dont ils ont été produits », explique le professeur. Jacques Nantel abonde dans le même sens. « Les générations plus jeunes consomment localement pour des raisons environnementales. Il faut miser là-dessus », résume le chercheur.
Miser sur le nationalisme alimentaire Une semaine après la conclusion de l’Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC), qui consent de nouveaux accès aux produits laitiers américains, la nouvelle publicité des Producteurs de lait du Québec (PLQ) rappelle que « le lait d’icitte est toujours sur la coche ». « Dans le contexte politique et commercial actuel, la campagne est particulièrement bien reçue. Le nationalisme alimentaire au Québec est très fort », affirme Julie Gélinas, directrice marketing des PLQ. Moins de 12 heures après son lancement, la publicité affichait plus de 100 000 vues, 6 000 partages et La nouvelle campagne des Fromages d’ici est également diffusée depuis peu. Mettant toujours en vedette l’humoriste Anthony Kavanagh, elle s’inscrit dans la continuité puisque selon un sondage, 88 % de plus de 1000 consommateurs interrogés ont affirmé que la campagne précédente les avait encouragés à favoriser l’achat de fromages d’ici plutôt que de produits importés. |
VOIR AUSSI
La « petite vache bleue » à la rescousse
Élevée au Canada = produite au Canada?