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Depuis quelques semaines, les cousins Serge et François Dubois partagent leur temps entre leur bureau de Biodélices et le chantier de construction de leur nouvelle usine de Thetford Mines. Celle-ci aura une superficie de 100 000 pi2, ce qui multipliera par 20 leurs installations actuelles.
Ça prend de l’audace (certains diraient de la folie) pour procéder à un agrandissement de cette ampleur. Dans le cas des Dubois, c’est plus une question de vision. Depuis les débuts de leur entreprise en 2007, ils rêvent grand pour Biodélices, qui se spécialise dans la production et la transformation de produits de l’érable.
Ces derniers mois, les Dubois ont mis en place un plan d’expansion internationale. Récemment, ils ont conclu une entente de partenariat avec l’exploitation française Famille Michaud Apiculteurs, qui produit du miel, pour créer une nouvelle entreprise, Appalaches Nature, afin de distribuer leur vaste gamme de produits (sirop, fondant, sucre d’érable, etc.) sur les marchés européens. Famille Michaud Apiculteurs, active depuis 1920 à Gan, dans les Pyrénées, détient 75 % des parts de marché du miel en Europe. Elle commercialise également du sirop d’érable québécois sous la marque Maple Joe dans une quarantaine de pays. « C’est le partenaire idéal pour nous aider à accroître nos exportations », explique Serge Dubois.
Une usine plus performante
La nouvelle usine, évaluée à près de 36 M$, permettra à Biodélices d’accroître sa capacité de production et de diversifier ses activités de transformation avec d’autres produits sucrants, dont le miel, le sirop de canneberge et le sirop d’agave. L’entreprise sera aussi dotée d’équipement à la fine pointe en provenance du Québec, des États-Unis et de l’Europe. « Notre objectif, c’est d’être encore plus performants, de façon à réduire les coûts de production et à offrir nos produits à un prix compétitif », explique Serge Dubois. Des procédés de fabrication améliorés permettront également de rehausser la qualité des produits, une préoccupation constante chez Biodélices. « Nous modifions régulièrement nos procédures et le temps de cuisson pour rendre le sirop d’érable plus goûteux et plus typique de manière à accroître le plaisir gustatif », ajoute le dirigeant.
L’entreprise de Thetford Mines, qui transforme déjà plusieurs millions de livres de sirop d’érable par année, devra augmenter ses approvisionnements. Elle fait affaire actuellement avec quelques centaines de producteurs provenant de toutes les régions du Québec et part en campagne de recrutement pour trouver de nouveaux fournisseurs. « C’est important pour nous d’être proches de notre monde. Dans la nouvelle usine, tout a été pensé pour nous permettre de bien les accueillir », soutient Serge Dubois. Une vaste salle de classement, des aires d’attente et des espaces pour tenir des activités de formation seront aménagés dans le but de fournir une expérience client unique.
Vers la biomasse
Biodélices se convertit aussi à la biomasse forestière et veut mettre en place des incitatifs pour aider leurs fournisseurs à remplacer le mazout par les granules de bois pour chauffer leurs évaporateurs. « En plus des gains sur la facture énergétique, ce mode de chauffage permet un meilleur contrôle de la puissance du feu lors de la cuisson du sirop. On peut ainsi mieux développer les arômes », explique Serge Dubois. De plus, il y a des avantages sur le plan environnemental. « À l’heure actuelle, une minorité d’acériculteurs se sont convertis à la biomasse, ajoute-t-il. On veut créer une vague et soutenir les producteurs dans ce virage. »
Aux Érablières Reynald Roy, de Thetford Mines, on se réjouit de la situation. « Nous nous sommes convertis à la biomasse il y a six ans. Faire partie d’un réseau de producteurs nous permettra d’acheter les granules de bois à meilleur prix », explique Roby Roy, copropriétaire avec son père et sa sœur de l’érablière familiale qui compte 27 000 entailles.
Les Roy sont devenus fournisseurs exclusifs de Biodélices il y a un an quand le transformateur a lancé une nouvelle gamme de produits à base de sirop d’érable non biologique. « Notre érablière n’étant pas certifiée, nous ne pouvions pas leur vendre notre production puisqu’ils achetaient seulement des produits biologiques », précise Roby Roy, qui trouve inspirant de travailler avec des entrepreneurs dotés d’une vision forte de développement. L’acériculteur espère pouvoir augmenter son contingent de production et ainsi profiter des retombées de l’ouverture de nouveaux marchés pour le sirop d’érable québécois. C’est aussi le souhait des dirigeants de Biodélices. « Il y a encore place au développement pour l’industrie acéricole au Québec, affirme Serge Dubois. Grâce à une croissance des exportations, on pourra garantir une stabilité dans les prix. »
La nouvelle usine entrera en activité au début de 2019 et permettra la création d’une trentaine d’emplois.
Sylvie Lemieux, journaliste.