Régions 25 septembre 2018

Une troisième terre « biologique » protégée à perpétuité

SAINTE-MÉLANIE — Une troisième fiducie foncière d’utilité sociale agricole (FUSA) vient d’être créée grâce à l’accompagnement de l’organisme Protec-Terre. Après les fermes Cadet Roussel en 2011 et Vallée des Prairies en 2016, voici que celle des Arpents roses, située à Sainte-Mélanie, dans Lanaudière, fait don de son fond de terre à la collectivité, en vue d’en protéger la vocation agricole biologique à perpétuité.

Hubert Lavallée, président de Protec-Terre, explique ce qu’est une FUSA : « L’objectif est de préserver la vocation agricole biologique d’une terre en séparant le fond de terre, qui devient protégé par la fiducie, des bâtiments et des cultures qui se trouveraient dessus, et qui peuvent rester la propriété du producteur. »

En plus d’assurer la vocation agricole biologique de la terre, désormais protégée par un conseil fiduciaire composé de membres de la communauté, le fait de soustraire la valeur du fond de terre permet de rendre plus accessible le prix de la ferme pour la relève.

Une réflexion accélérée par le cancer

Puisqu’elle y songeait depuis longtemps, Céline Poissant dit avoir voulu accélérer le processus de création de la FUSA dans les derniers mois à cause d’un cancer au cerveau qui l’affaiblit beaucoup. Faire en sorte que ses trois enfants ne se déchireront pas un jour à propos de la terre la préoccupait.

En faisant don de sa terre de 200 acres pour la création de la nouvelle FUSA, nommée Vallons d’en haut, Céline Poissant souhaitait aussi la mettre à l’abri de la spéculation foncière.

« Je vois partout autour de moi du développement immobilier intense et je voulais garder à cette terre sa vocation agricole et biologique. Mes enfants pourront y rester et d’autres projets pourraient s’y établir, à condition qu’ils respectent les règles de la FUSA », dit Céline Poissant.

Son fils Ludovic Beauregard, qui demeure propriétaire de la Ferme des Arpents roses, assure ne pas se sentir dépossédé. « Au début, ça m’a perturbé, mais maintenant, j’y vois beaucoup de positif, dit-il. Ça donne une perspective nouvelle de penser qu’on mène un projet destiné à se poursuivre à perpétuité. »

Une collecte de fonds a été lancée afin d’aider Céline Poissant et ses enfants à assumer les frais relatifs à la création de la FUSA. Selon Hubert Lavallée, de Protec-Terre, plusieurs projets sont en cours et au moins deux autres FUSA devraient être constituées dans la prochaine année.