Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
On ne vous apprend rien en vous disant que le temps est souvent une denrée rare dans une entreprise agricole. Concilier les travaux de la ferme avec la vie de couple et les responsabilités familiales, ce n’est déjà pas une mince affaire. Si l’on ajoute à cela les engagements extérieurs de l’un des conjoints, notamment à La Coop fédérée, à l’Union des producteurs agricoles ou dans sa municipalité, la conciliation peut devenir un véritable casse-tête.
« Ça a changé mon quotidien. J’ai dû élever nos enfants presque toute seule tout en gérant le mieux possible l’entreprise. Quand on avait un employé, je devais le superviser, et lorsqu’on n’en avait pas, j’avais beaucoup plus de travail. Puis, je devais coordonner les tâches à la ferme avec celles qui concernaient les enfants [les repas, l’école, les devoirs, etc.] », se rappelle Manon, une productrice laitière. Isabelle et Martine nous ont également fait part des compromis et des petits ou gros sacrifices qu’elles ont dû faire pour que leur conjoint s’accomplisse dans les structures collectives. Elles ont aussi formulé des éléments positifs et des conseils qui seront abordés dans une prochaine chronique.
Surcharge de travail
Martine explique que les engagements du conjoint à l’extérieur peuvent devenir une importante source de friction lorsqu’ils entraînent une surcharge constante de travail pour ceux qui « assurent la continuité et ont à compenser l’absence ». En outre, cette hausse du fardeau peut engendrer une augmentation de stress. « C’est un grand stress d’avoir à tout gérer : de la vie familiale quotidienne à l’administration de la ferme à travers le tourbillon des activités imprévisibles du conjoint », raconte Martine.
Lorsqu’on met les bouchées doubles sur une longue période, on accumule de la fatigue et on risque l’épuisement. « Pendant les dernières années de l’engagement de mon conjoint, le troupeau avait grossi et je suis devenue un peu débordée! Quand je rencontrais des gens en dehors de la ferme, ils me disaient souvent que j’avais l’air fatiguée. Et, en effet, je crois que j’étais brûlée! » témoigne Manon.
L’aide des enfants
Les répercussions de l’implication du conjoint dans divers regroupements dépendent également de l’âge des enfants. Manon raconte qu’en grandissant, les siens ont pu lui apporter une certaine aide le soir. Par contre, dit-elle, « j’étais toujours un peu mal à l’aise de leur imposer ça parce qu’ils avaient de l’école le lendemain ». Les enfants d’Isabelle étant plus âgés, elle n’éprouve pas ce malaise : « Aujourd’hui, ce sont de jeunes adultes présents dans l’entreprise. Ils me donnent un gros coup de main et c’est très apprécié. »
Mentionnons pour terminer certains irritants auxquels ces femmes doivent faire face, notamment le fréquent chamboulement des activités personnelles et familiales en raison de la présence requise du conjoint à un événement ou à une réunion d’urgence. Lorsque monsieur pige régulièrement dans la banque de congés ou d’activités familiales pour assumer ses responsabilités à l’extérieur, il est inutile de dire que nous avons là une source potentielle de frustration pour madame.
La frustration peut être à son comble lorsque le conjoint souvent absent critique les décisions prises quand il n’était pas là. Les mots : « J’aurais pas fait ça de même » pourraient ainsi devenir la flammèche responsable de l’embrasement des esprits dans la maisonnée.