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On peut compter sur les doigts d’une main le nombre de multiplicateurs de plantes au Québec. Francine Gaucher, qui pratique le métier depuis 21 ans, produit à partir de ses six serres près de 300 000 boutures chaque année, qui sont acheminées dans les pépinières de production partout au Québec et en Ontario.
La première étape est de prélever la bouture d’un plant mère pour qu’il produise 30 bébés. « Je fais faire des racines aux plantes en coupant de petits bouts de branche. On les met ensuite dans les serres pour qu’elles produisent de nouvelles plantes », explique-t-elle. Après trois ans d’études à l’Institut de technologie agroalimentaire à Saint-Hyacinthe, elle a commencé à convoiter ce métier encore peu connu dans la province. « Au début de ma carrière, j’achalais mon patron pour faire des boutures. Je trouvais le métier moins commun ».
L’horaire de la multiplicatrice change au gré des saisons. Lors de la période des boutures, au mois de juin, la journée débute avec la coupe des branches pour les employés. Quand l’équipe, composée de 16 personnes, a du travail pour le reste de la journée, Mme Gaucher fait une tournée de ses six serres pour vérifier l’arrosage et l’enracinement.
Chaque jour, la multiplicatrice travaille de 10 à 11 heures. « Je dois aller couper les branches tous les jours. Au total, on en produit entre 10 000 et 12 000 par jour, 60 000 par semaine, pour un total de 300 000 en un mois et demi », précise-t-elle. Après cette période achalandée, l’horaire devient plus flexible et permet à la multiplicatrice de reprendre des forces.
Apprendre à se distinguer
Selon une étude ministérielle, 187 personnes étaient diplômées en horticulture et jardinerie au Québec; très peu d’entre elles ont choisi le même chemin que Francine Gaucher. « On est une chaîne de trois producteurs : moi, je pars les plants, les pépinières les font grossir et après ils sont vendus dans les centres de jardinage », continue-t-elle.
Pour devenir multiplicateur, il est essentiel d’être observateur. « Il faut savoir déterminer si les plantes ont trop d’eau ou pas assez, trouver le bon moment pour faire les boutures et constamment observer les conditions climatiques. » En plus de garder l’œil ouvert, il faut persévérer, année après année. « Il y a des plantes que je n’ai pas réussi à faire l’an dernier, mais il faut que je continue d’essayer, en me disant que je vais être capable un jour. Il faut changer les techniques pour voir ce qui fonctionne », conclut-elle.
« Quand j’ai commencé à avoir des clients ailleurs, ça me stimulait vraiment de savoir que mes plantes s’en allaient partout », raconte la fille d’un producteur de fraises. Si le métier demeure en marge dans le milieu horticole québécois, il reste essentiel. C’est pourquoi elle se fait régulièrement demander de ne pas fermer boutique.