Politique 29 août 2018

Gestion de l’offre : Couillard trace une ligne avec Ottawa

Alors que les négociateurs canadiens sont à Washington pour tenter de renouveler l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) depuis le 28 août, les chefs des quatre principaux partis québécois ont pris position pour défendre la gestion de l’offre, qui est toujours dans la mire du président Trump.

Jean-François Lisée a lancé l’idée d’une déclaration commune des quatre chefs de parti pour s’opposer à tout changement à la gestion de l’offre. Philippe Couillard a ensuite mis en garde contre les conséquences politiques au Québec d’un sacrifice de la gestion de l’offre.

« Nous sommes opposés – pas juste mon parti; la population du Québec, en grande partie, est opposée – à une concession sur la gestion de l’offre. S’il y en a qui pensent qu’ils peuvent passer à travers le Québec […], il y aura des conséquences politiques sérieuses à poser un geste semblable », a déclaré Philippe Couillard. Le chef du Parti libéral a ensuite répondu « Just watch me » lorsqu’on lui a demandé ce qu’il ferait si Ottawa n’écoutait pas la demande du Québec. Rappelons que cette même réplique avait été utilisée par le père du premier ministre Trudeau à la veille de déclarer la Loi sur les mesures de guerre lors de la crise d’octobre 1970.

« Il y a des moments où l’intérêt de la nation est plus important que la politique, et cela en est un. […] Je pense qu’il doit penser à l’intérêt de la nation québécoise avant son intérêt partisan », a insisté Jean-François Lisée, chef du Parti québécois, comme rapporté par Radio-Canada.

François Legault a dit qu’il était ouvert à l’idée d’une défense conjointe de la gestion de l’offre. La question de la gestion de l’offre a rattrapé le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) alors qu’il présentait son « escouade économique », qui ne comprenait pas l’économiste Youri Chassin, bien connu pour ses positions passées contre la gestion de l’offre. Il aurait changé d’idée depuis, selon le chef de la CAQ.

« Nous sommes tout à fait disposés à nous tenir debout pour défendre la gestion de l’offre, mais nous ne signerons pas un texte qui encense l’ALENA », a déclaré Manon Massé, de Québec solidaire.

Le texte d’une éventuelle déclaration commune n’était toujours pas connu au moment de publier.

Le Bloc québécois demande l’unanimité des partis fédéraux en vue d’un « front commun » pour la gestion de l’offre à Ottawa aussi. Le premier ministre Trudeau a répété publiquement sa défense de la gestion de l’offre dans les derniers jours.

Négociations intenses à Washington

La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland est à Washington pour négocier avec son vis-à-vis américain Robert Lighthizer. La ministre a refusé de se prononcer sur la gestion de l’offre depuis la capitale américaine en précisant ne pas vouloir négocier sur la place publique.

Incertitudes multiples

Outre la gestion de l’offre, de nombreux enjeux chers au Canada ne sont toujours pas réglés, comme le tribunal de règlement des différends (chapitre 19), la clause crépusculaire qui est toujours sur la table.

L’accord États-Unis–Mexique, qui sert à mettre de la pression sur le Canada, soulève de nombreuses questions.

Rappelons que le président Trump doit obtenir l’approbation du Congrès pour passer tout nouvel accord de commerce. Or, selon la publication américaine spécialisée Inside U.S. Trade, des sénateurs américains contestent l’idée que cet accord bilatéral soit compatible avec le « Trade Promotion Authority » voté par le Congrès et qui permettait au président de négocier un accord trilatéral.

La même publication évoque aussi l’opposition de sénateurs démocrates à certaines dispositions relatives aux travailleurs dans l’accord avec le Mexique. Inside U.S. Trade mentionne que des dispositions de l’accord bilatéral avec le Mexique vont au-delà des positions canadiennes antérieures sur la protection de la propriété intellectuelle de certains médicaments. Les négociateurs canadiens pourraient avancer en terrain miné.