Politique 29 août 2018

Les 5 priorités de l’UPA pour la campagne électorale

« On va se concentrer sur cinq priorités », a annoncé Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), en entrevue avec La Terre au sujet des élections. Un thème sera abordé chaque semaine pendant cinq semaines et les demandes chiffrées seront échelonnées tout au long de la campagne. Les voici.

Un plan vert pour l’agroenvironnement

L’UPA demande la création d’un « plan vert » pour accompagner les agriculteurs. « Le Québec est très réglementé; on est les plus exigeants en Amérique du Nord. Il faut accompagner les producteurs », estime Marcel Groleau. Concrètement, l’UPA voudrait plus de recherches publiques et plus de ressources pour le transfert de connaissances. « Si on veut diminuer l’usage des pesticides, ça prend de la recherche et du développement », soutient M. Groleau. Ce plan vert devrait aussi mieux soutenir la transition vers la production biologique en offrant plus de formation et en assumant une partie des frais de certification. 

À ce chapitre, l’UPA réclame aussi la levée du moratoire sur les superficies en culture et la rétribution des services écologiques rendus par les agriculteurs. « On est capables de développer l’agriculture dans le respect de l’environnement », soutient fermement Marcel Groleau. 

Un meilleur soutien à l’agriculture 

« On ne remet pas en question [la politique bioalimentaire], mais on espère que les partis vont l’améliorer. On doit adapter les différents programmes [pour l’investissement et la gestion des risques] aux différents besoins d’une agriculture diversifiée », résume Marcel Groleau, qui parle de bonification du programme Agri Québec pour les MRC éloignées et d’un soutien spécifique pour aider les petites fermes (moins de 100 000 $ de revenus) à investir. En ce qui concerne le Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), l’UPA propose une « actualisation » pour le bonifier. Quant au programme de soutien à l’investissement, qui prévoit déjà 195 M$ sur six ans, l’UPA souhaiterait que l’aide soit étendue pour les productions moins facilement admissibles (petites fermes, production végétale) et bonifiée pour le secteur de la production animale. 

Taxes foncières agricoles 

L’UPA a déjà été claire sur ce sujet : elle réclame un plafonnement de la valeur des terres à 20 000 $ l’hectare et l’obligation d’instaurer un taux de taxation distinct dès que l’on constate un transfert du fardeau fiscal vers les agriculteurs. « On veut une réponse rapide », insiste Marcel Groleau, qui évalue que la facture des taxes va augmenter de 20 % pour les agriculteurs dès janvier prochain si rien ne change. 

Mieux soutenir la relève 

« La priorité, c’est d’aider les jeunes à s’établir en agriculture », lance-t-il encore, rappelant que le prix élevé des terres est un « frein » à l’atteinte de cet objectif. Le président de l’UPA se désole qu’aucune mesure pour limiter la spéculation sur les terres ne soit en place. L’organisation agricole réclame par ailleurs une amélioration du soutien à la relève, notamment par un fonds d’investissement pour la relève agricole amélioré (FIRA +) qui serait sous la responsabilité exclusive de l’État. « Si on n’offre pas de capital patient à la relève, on ne lui donne pas les mêmes outils que les Pangea de ce monde », souligne Marcel Groleau. 

Toujours pour faciliter l’accès aux terres pour les agriculteurs, l’UPA réclame un renforcement de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles dans le but de « limiter l’étalement urbain ». Il s’agit ici de cesser de développer « projet par projet » sans tenir compte de l’impact sur l’étalement urbain. « Il faut une loi avec des dents », précise son président. 

L’organisation agricole déplore par ailleurs la longueur des délais d’autorisation des projets par la Commission de protection du territoire agricole du Québec et ne comprend pas toujours certains refus de projets pourtant acceptés par le milieu agricole.

Salaire minimum 

L’UPA soutient la hausse de salaire minimum, mais affirme que cela rend la situation impossible pour plusieurs agriculteurs, notamment ceux qui sont en concurrence avec les producteurs de la Californie. Marcel Groleau rappelle que la dernière hausse du salaire minimum était de 7 %, soit plus que l’inflation, et demande donc une mesure financière pour couvrir l’écart entre l’inflation et cette hausse.