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J’aurais voulu qu’on me dise que le travail reviendrait, tous les jours, sans pause, sans fermeture d’étable de temps à autre. J’aurais voulu qu’on me dise que les journées allaient parfois être longues, très longues. Et les nuits courtes, trop courtes…
J’aurais voulu qu’on me dise que la simple vue de la chaîne de cou qui traîne sur le bord de la porte après le départ d’une bête allait me faire monter les larmes aux yeux… J’aurais voulu qu’on me dise que la météo ne nous écoute pas toujours, et les animaux non plus. Que le stress vécu quand une de nos bêtes est malade est étrangement similaire à celui qu’on ressent quand nos enfants vont moins bien, et que j’allais devoir essuyer quelques larmes chaque fois que tous nos bons soins pour une bête n’auraient pas les effets escomptés.
J’aurais voulu qu’on me dise que parfois, alors que j’avais l’impression que le ciel m’était déjà tombé sur la tête, il restait bien quelques tuiles quelque part qui pouvaient, elles aussi, tomber à leur tour malgré le tsunami qu’on traversait déjà…
J’aurais voulu qu’on me le dise que j’allais vivre la même joie à chacune des naissances, comme si c’était la première fois, chaque fois. J’aurais voulu qu’on me dise la fierté et l’immense soulagement que j’allais ressentir en voyant un animal malade guérir, en voyant que nos efforts des derniers jours n’avaient pas été vains, et que cette fois, c’est notre patience qui avait gagné.
J’aurais voulu qu’on me dise que l’arrivée de l’été et des gros travaux allaient réveiller la même excitation chaque année, que les semis qui commencent à pointer allaient être une source de fierté, que l’odeur du foin fraîchement coupé allait être aussi bonne, aussi réconfortante chaque année. J’aurais voulu qu’on me dise à quel point les levers et les couchers du soleil que j’aurais le temps de voir tous les jours étaient beaux, et qu’arrêter deux minutes pour les observer allait être aussi efficace qu’une semaine de vacances.
J’aurais voulu qu’on me dise que chaque matin amènerait son lot de défis, de joies et de fierté, et que malgré les embûches, c’est tout le beau du quotidien qui me resterait en tête quand viendrait le temps de faire le point sur notre mode de vie. J’aurais voulu qu’on me dise que me lever le matin pour aller à l’étable allait devenir un besoin essentiel à mon équilibre. J’aurais voulu qu’on me dise que regarder mes enfants courir dans les champs allait faire mouiller mes yeux pratiquement chaque fois.
Mais je n’aurais pas voulu qu’on me dise que j’avais choisi la plus belle vie au monde… Parce que ça, je le savais déjà!
Cynthia Coulombe, Agrimom