Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Au nombre de toute la gamme de légumes adaptés à notre climat, l’ail figure parmi ceux qui dépendent le plus fortement de l’importation pour satisfaire la demande des Québécois.
Selon Statistique Canada, la superficie consacrée à la culture de l’ail au Québec a plus que quintuplé de 2003 à 2017, passant de 30 à 192 hectares. En dépit de cette spectaculaire progression, les importations ont plus que doublé (+117 %) durant la même période.
De toute évidence, les Québécois ont un faible pour l’ail. « Quelque 10 % de l’ail consommé au Québec est local. Un autre 10 % est issu de l’Ontario et des autres provinces canadiennes et le reste provient de l’étranger », mentionne Serge Pageau, directeur d’Ail Québec, une association qui regroupe plus de 140 membres, soit près de la moitié des producteurs de
la province.
Parmi les pays exportateurs, c’est la Chine qui occupe le haut du pavé avec environ 82 % de la production mondiale et une proportion semblable est écoulée en dehors de ses frontières. La conquête a été entreprise à la fin des années 1980 à l’aide de dumping effectué à répétition, ce qui a fait chuter les prix et incité du même coup les maraîchers affectés à délaisser cette culture.
Selon le directeur général d’Ail Québec, les producteurs locaux peuvent améliorer leurs parts de marché, mais ce serait une erreur que de tenter de livrer cette bataille sur les prix. « Ce n’est pas envisageable et surtout, ce n’est pas souhaitable, soutient Serge Pageau. C’est comme si je voulais un jour vendre une BMW au prix d’une Chevrolet. C’est exactement le même principe ici. Il faut renseigner les consommateurs sur la qualité de l’ail du Québec, ses particularités, sa saveur unique et sa longue durée de conservation. »
Un avis partagé par Sam Chauvette, agronome au ministère québécois de l’Agriculture et l’un des organisateurs de la Journée provinciale de l’ail du Québec qui s’est tenue à Trois-Rivières en janvier 2018. « Les gens veulent diminuer la quantité de pesticides qui se trouvent dans leur assiette et l’ail du Québec répond à cette volonté, car près du tiers de nos producteurs sont certifiés bio et une proportion importante d’agriculteurs utilisent des méthodes qui s’y apparentent sans toutefois détenir la certification. »
Sans connaître les conditions exactes dans lesquelles l’ail est cultivé en Chine, Sam Chauvette est persuadé que les normes de ce pays en matière environnementale sont bien en deçà du cadre réglementaire au Québec. C’est un facteur de plus en plus déterminant aujourd’hui dans le choix des aliments qui entrent dans le panier d’épicerie.
Et dans ce combat pour que l’ail d’ici puisse se tailler une place dans notre assiette, l’association a récemment signé une entente avec Aliments du Québec qui lui permet d’afficher le label officiel certifiant que le produit est 100 % québécois. « Avec Ail Québec, on veut œuvrer à mieux faire connaître les avantages de consommer l’ail de chez nous », explique Marie Beaudry, directrice générale d’Aliments du Québec.
« C’est un produit de meilleure qualité que l’ail d’importation et qui se conserve plus longtemps, mais en l’achetant, on fait aussi travailler nos agriculteurs. Ça a un apport économique certain », conclut-elle.
Bernard Lepage, collaboration spéciale