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La contamination alimentaire qui sévit en Europe suscite des questions de ce côté-ci de l’Atlantique…
Les producteurs maraîchers au Québec, en dépit de leurs « bonnes pratiques » en matière de salubrité, ne sont pas à l’abri d’une contamination à la bactérie E.coli qui a fait 23 morts jusqu’à présent en Europe.
« Si vous me posez la question, je vais vous répondre qu’on ne peut pas être à l’abri à 100 % d’une contamination (semblable) au Québec. Je ne veux pas être alarmiste mais ce sont des choses qui peuvent arriver », répond prudemment l’agronome Pierre Mongrain, coordonnateur en traçabilité dans les fruits et légumes pour le MAPAQ.
Il s’empresse toutefois de préciser que nos producteurs maraîchers sont « de plus en plus conscients et sensibilisés » face aux pratiques culturales, et qu’ils font « un excellent travail ». Il précise : « Les producteurs maraichers ont toujours été d’avant-garde. Par le passé, les cas de rappels ont été très peu nombreux ».
Il reconnaît cependant que des « événements comme en voit en Europe actuellement, ça fait réfléchir » et que cette situation soulève l’importance de faire la meilleure analyse qui soit afin de déterminer avec précision d’où provient la source de contamination.
Rappelons qu’au début, les soupçons ont été tournés vers les producteurs de concombres en Espagne, ce qui s’est plus tard avéré faux. Puis on a parlé de divers légumes, comme la laitue et la tomate. Au cours du week-end, une autre « piste » a été soulevée : la source de contamination proviendrait des germes de luzerne, de soya (les fèves germées), dans le nord de l’Allemagne. Encore une fois, l’ennemi n’était pas le bon : 23 des 40 échantillons analysés étaient négatifs. La source de la bactérie E.coli 0104 : H4 demeure inconnue…
« Il faut être prudent avant d’accuser », insiste Pierre Mongrain.
Le gros bon sens
Pour aider les producteurs à avoir les bons comportements pour éviter que des problèmes similaires à ceux qui ébranlent les producteurs et la population européenne, l’agronome du MAPAQ s’en remet aux Guides de salubrité des aliments à la ferme. Ces huit guides du gros bon sens et de bonnes pratiques ont été préparés par le Conseil canadien de l’horticulture et leur contenu a été entériné par le Global Food Salubrity Institute (GFSI). Pierre Mongrain a lui-même participé, avec d’autres spécialises, à la révision technique de ces guides qui ont reçu l’approbation gouvernementale.
Les guides fournissent quelques bonnes pratiques pour aider un producteur maraîcher. « On y recommande de composter le fumier pour diminuer les risques de contamination. Mais il faut que ce soit bien fait », donne-t-il en exemple.
Gestion des risques alimentaires
Par ailleurs, un professeur de l’Université de Guelph, en Ontario, Sylvain Charlebois, constate dans une toute récente analyse que la bactérie E.coli est « une bactérie qui divise ».
Selon lui, le continent européen « apprend, à ses dépens, que l’approche continentale en matière de gestion des risques alimentaires peut être un couteau à double tranchant ».
« En Europe, c’est malheureux, mais le calvaire des agriculteurs maraîchers ne fait que commencer. L’image de marque des légumes européens sera vraisemblablement affectée pour un certain temps », observe-t-il.
Il rappelle que depuis le 2 mai, les consommateurs européens sont sur le qui-vive. Plusieurs ont boudé les légumes frais. « L’approche continentale qui prescrit les politiques en matière de salubrité alimentaire depuis plusieurs années est rudement mise à l’épreuve ces jours-ci », écrit-il.