Régions 9 septembre 2014

Ramener les petites fermes pour la survie des campagnes

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Tel que publié dans Ouest du Québec

MAURICIE — Le nouveau président de la Fédération régionale de l’UPA de la Mauricie constitue un bon exemple de ce qu’il avance lorsqu’il explique que le monde rural a tout intérêt à favoriser l’implantation de petites exploitations agricoles.

Dans sa petite ferme du rang Saint-Pierre à Shawinigan, Jean-Marie Giguère élève quelques chevaux percherons pour la génétique, produit du foin et exploite sa terre à bois sur les rives de la rivière Saint-Maurice.

Bien avant de succéder à Martin Caron à la présidence de la fédération régionale l’automne dernier, M. Giguère avait élaboré une réflexion sur la nécessité d’encourager le retour des petits producteurs pour stimuler la vitalité des campagnes.

« Je ne dis pas qu’il faut revenir en arrière, mais je suis persuadé qu’on gagnerait à encourager l’implantation de petites fermes qui pourraient contribuer à dynamiser nos campagnes, qui en ont bien besoin. » Le président de la fédération régionale sait de quoi il parle, puisqu’il a lui-même vécu ce cheminement après plusieurs années au service du ministère des Transports, tout en demeurant impliqué dans les activités agricoles des membres de sa famille.

Il y a un peu plus de 20 ans, un accident de la route survenu au travail a failli le clouer à un fauteuil roulant. Cet événement a marqué un tournant dans sa vie. Incapable de poursuivre sa carrière au ministère, ce fils de producteur laitier a décidé de faire un retour à la terre en se lançant dans la production de génétique de chevaux percherons.

Le paradis à la campagne

M. Giguère et son épouse ont alors acquis et rénové de fond en comble une vieille ferme du rang Saint-Pierre pour s’adonner à l’élevage chevalin et à la production de foin. La Ferme Gitou était lancée. « C’est notre petit paradis », déclare le producteur en parlant de sa propriété, sur laquelle il a élevé jusqu’à une douzaine de juments percheronnes. Le marché s’est toutefois effondré il y a quelques années, ce qui a amené l’éleveur à réduire son cheptel à quatre bêtes, qui font encore bonne figure dans les expositions.
Il y a 15 ans, il est passé à la fédération régionale au moment où était lancé, à l’échelle provinciale, le projet pilote sur la vie syndicale, à la toute fin des années 90. « La vie syndicale m’a toujours intéressé parce que j’ai toujours cru qu’on pouvait arriver à de plus grands résultats en étant solidaires », soutient-il.

En plein cœur de la dernière campagne électorale provinciale, sa fonction de président l’a amené à rencontrer les candidats régionaux afin de les sensibiliser aux préoccupations et aux attentes du monde agricole. « Nos élus doivent être au fait de ce qui se passe dans notre milieu, à plus forte raison parce que plusieurs comtés sont à forte “dénomination” agricole. »

M. Giguère a ainsi été en mesure d’exprimer sa désolation de voir les fermes cesser leurs activités, les bâtiments être abandonnés, les campagnes se vider et les terres passer aux mains de spéculateurs. Il donne l’exemple de son coin de pays, qui a déjà compté jusqu’à 17 entreprises laitières, mais qui n’en possède plus aucune aujourd’hui.

« C’est vrai qu’il a fallu se spécialiser pour affronter la concurrence, mais gérer une grosse entreprise ne convient pas à tous. Il y a encore des producteurs qui souhaiteraient exploiter une petite ferme. Ce sont eux qu’il faut encourager à revenir s’établir en agriculture, à occuper les fermes abandonnées et à exploiter les terres. Seulement dans les environs, il y a au moins quatre fermes qui pourraient facilement être relancées. Imaginez la vitalité qu’on pourrait retrouver en y ramenant des activités », soutient-il.

D’une certaine façon, en partageant ainsi ses réflexions, M. Giguère entretient l’espoir qu’elles feront germer des projets chez ceux qui hésitent encore à faire un retour à la campagne.