Vie rurale 27 avril 2018

Coccinelles asiatiques : bénéfiques, mais dérangeantes!

Symbole porte-bonheur pour plusieurs, les coccinelles – asiatiques dans ce cas-ci – ont plutôt tendance à donner des maux de tête aux propriétaires de chalets et de résidences en milieu rural. Pourquoi sont-elles aussi nombreuses à s’y trouver depuis le retour du printemps?

« Ce sont des insectes qui ont besoin de plus de chaleur pour survivre l’hiver. Elles sont entrées dans les maisons cet automne, et avec le soleil qui frappe fort à ce temps-ci de l’année, [elles refont surface] », explique Harold Leavey, entomologiste et spécialiste en gestion parasitaire. Celui qui est aussi président d’ Entreprises Maheu Ltée. dit recevoir une bonne dizaine d’appels par semaine de citoyens exaspérés par la situation.

La saison 2017 a été une « très grosse année » pour les pucerons du soya, qui sont la proie numéro un des coccinelles asiatiques. Il y a eu beaucoup de pluie en début de saison, des conditions favorables pour la prolifération des pucerons et de leurs prédateurs naturels, soutient Roxanne Bernard, conseillère chez Anatis Bioprotection.

Un cadeau pour le soya?

Originaire d’Asie, ces coccinelles ont été importées par les Américains dans les années 1960 pour « faire la guerre » de façon écologique aux pucerons. Elles sont ensuite entrées au Québec en 1994 et on les retrouve principalement dans le sud de la province depuis.

Si cette méthode de lutte s’est avérée efficace pour plusieurs, M. Leavey croit qu’on ne devrait jamais importer des insectes d’ailleurs. « Chaque fois, on se retrouve avec de nouveaux problèmes. Nos coccinelles faisaient très bien la job », considère-t-il. D’ailleurs, les coccinelles asiatiques sont particulièrement voraces et entrent en compétition directe avec plusieurs espèces de coccinelles indigènes du Québec.

Leur présence remarquée dans nos maisons est certes « l’inconvénient malheureux de la situation », mais les producteurs ne risquent pas de se tourner pour autant vers l’utilisation de pesticides afin de lutter contre les pucerons du soya, croit Salah Zoghlami, conseiller aux affaires agronomiques aux Producteurs de grains du Québec. 

« On les veut dans les champs (les coccinelles). Ce sont d’excellentes prédatrices et les producteurs ont moins besoin de traiter leurs cultures », soutient Marie-Ève Gagnon, entomologiste à l’Insectarium de Montréal.  

Pour s’en débarrasser

Aucun pesticide n’est homologué pour éliminer les coccinelles asiatiques. « La seule chose à faire, c’est d’étanchéifier la maison en scellant les fissures dans le revêtement extérieur », lance d’entrée de jeu M. Leavey. Ce dernier suggère aussi de poser une moustiquaire sur le soffite, qui est la feuille d’aluminium placée sous la corniche et dont la perforation sert à ventiler le comble. Cela pourrait empêcher l’intrusion massive de ces insectes à l’automne. Et pour expulser celles qui se sont déjà faufilées dans la maison, le meilleur truc, selon Mme Gagnon, est d’utiliser ­l’aspirateur dans lequel on a mis un bas de nylon, puis de les relâcher vivantes à l’extérieur.  

Pas de données sur la « population »

Du côté du MAPAQ, on ne détient pas de données sur les coccinelles asiatiques outre les 70 spécimens conservés dans la Collection d’insectes du Québec. « Étant un prédateur, les coccinelles asiatiques ne font pas l’objet d’un suivi ou d’un dépistage particulier par le MAPAQ ou par un autre intervenant agricole », spécifie le relationniste Yohan Dallaire Boily. 

 Cependant, l’organisme dit rester au fait des variations des populations qui « pourraient sortir de ­l’ordinaire », ce qui n’aurait pas été le cas au cours des dernières années. 

En bref

Au printemps, les coccinelles adultes sortent de leur abri pour s’accoupler. Les œufs sont fixés sous des feuilles. Ils sont souvent pondus près d’une colonie de pucerons qui serviront de nourriture aux jeunes. Chaque femelle produit des centaines d’œufs.

En octobre, les coccinelles se regroupent et cherchent un abri pour l’hiver. On compte probablement deux générations par année au Québec, peut-être trois quand l’été est long et chaud, d’après Espace pour la vie Montréal. 

Pucerons du soya. Crédit photo : IRIIS
Pucerons du soya. Crédit photo : IRIIS