CENTRE-DU-QUÉBEC — Depuis plusieurs mois déjà, les membres de la famille St-Pierre, propriétaires de la Ferme Légil, de Princeville, ont le sentiment d’avoir retrouvé une forme de sérénité après avoir traversé une période difficile à la suite de la subite disparition du père et chef d’orchestre de l’entreprise, Gilles St-Pierre.

Ce retour à la quiétude est en grande partie imputable à l’instauration de nouveaux outils de gestion des ressources humaines (GRH), qui ont d’ailleurs valu à l’exploitation la première place au concours Ma ferme mon monde du Comité sectoriel de main-d’œuvre de la production agricole, AGRIcarrières.

Une épreuve à surmonter

« L’année 2012 a été très éprouvante, à commencer par le décès de mon père », explique Louane St-Pierre devenue récemment copropriétaire de l’entreprise avec son conjoint James Monaghan.

En même temps qu’ils encaissaient le choc de la disparition du patriarche, les membres de la famille devaient assurer la poursuite des opérations de la ferme laitière répartie sur 2 sites et comptant 300 vaches en lactation.

« On a cru qu’on devait embaucher du personnel, mais on ne savait pas comment sélectionner des employés et structurer des entrevues », raconte Mme St-Pierre.
Avec ses huit employés, la GRH dans l’entreprise constitue une tâche importante et l’arrivée de nouvelles recrues ne facilitait pas les choses. « On s’est vite rendu compte qu’on avait un problème », avoue James.

Une nouvelle dynamique

Celui qui avait acquis la ferme familiale en 1977 avec sa conjointe Marie-Jeanne Adam formait la troisième génération de producteurs laitiers dans cette entreprise. En plus de trois décennies, le couple avait amené celle-ci à un niveau d’efficacité qui a été reconnu et récompensé par l’Ordre du mérite agricole en 2001. Ce sont eux qui avaient engagé les employés et qui s’occupaient de la GRH.

M. Saint-Pierre disparu, la dynamique changeait radicalement. Les propriétaires ont senti le besoin de faire appel à des spécialistes pour obtenir des outils qui faciliteraient la gestion du personnel. Ils ont alors contacté le Centre d’emploi agricole de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec qui les a mis en contact avec une firme spécialisée en GRH de Victoriaville.

Ces spécialistes les ont accompagnés dans l’élaboration d’un manuel de l’employé précisant les règles en vigueur dans l’entreprise, ainsi qu’une grille d’évaluation du personnel. Les recrues y retrouvent une description de leurs responsabilités, de celles de leurs employeurs et les procédures à suivre dans différentes situations.
« Au début, nous avons craint que les employés perçoivent mal la mise en place de ces règles, explique M. Monaghan. Nous les avons rencontrés pour leur expliquer que le manuel ne faisait que clarifier les règles déjà en vigueur et que la grande majorité d’entre eux les respectaient déjà. Nous leur avons dit que ça éviterait les iniquités, par exemple, lorsqu’un employé arrive constamment en retard alors que d’autres sont toujours en avance de plusieurs minutes. On devine les frustrations que ça provoque et le risque de nivellement par le bas, ce qui peut affecter la productivité à la ferme. »

Un an après la mise en place de ces nouvelles mesures, les propriétaires reconnaissent l’efficacité de ces outils pour prévenir les problèmes, régler les conflits et conséquemment réduire la pression dans la GRH. « Le guide nous a permis de cheminer avec les employés », indique Mme St-Pierre. « La confection du manuel et de la grille d’évaluation nous a aussi permis de préciser ce qui est important pour nous et de le faire savoir au personnel », poursuit son conjoint. Les deux s’entendent pour dire que cet épisode dans l’histoire de l’entreprise a certes été difficile, mais comme la majorité des épreuves, elle s’est avérée très formatrice.