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L’escalade de moyens de pression entre les deux géants de l’économie mondiale aura des répercussions sur le marché global de plusieurs produits agricoles, dont le soya et le porc. Reste à savoir pendant combien de temps.
Comme prévu par plusieurs observateurs, la Chine a finalement mis sa menace à exécution en annonçant un tarif de 25 % sur le soya et 105 autres produits américains, dont le bœuf, le maïs, le sorgho et le blé. Ces tarifs s’ajouteront à ceux sur le porc, le vin, l’acier et les fruits qui étaient déjà projetés.
Le prix du soya a plongé de 26 $ la tonne le 4 avril avant de remonter de 15 $ dans la même journée. Cette correction après une baisse importante est un mouvement typique de la bourse et s’explique notamment par le fait que les tarifs sur le soya ne sont pas encore en vigueur. Il n’est pas impossible qu’une entente entre la Chine et les États-Unis survienne dans les prochaines semaines. Les contrats à terme de soya se maintenaient d’ailleurs à plus de 480 $ CA la tonne en date du 5 avril.
Les exportateurs canadiens pourraient également profiter de la place disponible sur le marché chinois et augmenter les ventes actuelles de 5 millions de tonnes vers la Chine. « Nous avons ici affaire à une instabilité considérable sur le marché mondial alors que nous tentons de départager où les fèves de tous les participants vont aller », a affirmé Ron Davidson, de Soy Canada, dans une entrevue à Radio-Canada. Le prix local du soya pour les producteurs pourrait malgré tout être poussé vers le bas en raison de la possible abondance de soya en Amérique du Nord et sur d’autres marchés actuellement occupés par le Canada.
Quelque 61 % du soya américain vendu à l’étranger s’est retrouvé en Chine dans la dernière année-récolte et si le tarif de 25 % se met en place, cela pourrait causer le déplacement d’une bonne partie des 33 millions de tonnes de cette légumineuse que les États-Unis avaient exportées en Chine en 2017. « Il n’y a tout simplement pas assez de soya ailleurs qu’aux États-Unis dans le monde pour répondre aux besoins de la Chine », a toutefois mentionné Mark Williams, chef économiste pour l’Asie de Capital Economics, dans une entrevue à Reuters. Les contrats de soya sont d’ailleurs en hausse au Brésil, un pays qui profitera sans doute de la situation.
La drêche d’éthanol sera vraisemblablement une solution de rechange recherchée par les acheteurs chinois, tout comme le tourteau de canola. Ces produits ne peuvent toutefois pas dépasser certains seuils dans la moulée pour les animaux d’élevage. Il est également possible de remplacer le soya par d’autres grains, mais avec une perte de protéines. Finalement, les réserves étatiques de soya en Chine seront probablement mises à contribution si le conflit perdure. Personne ne sait cependant combien de tonnes cette réserve contient.
Escalade avec la Chine Rappelons que cette escalade de moyens de pression a commencé lorsque les États-Unis ont annoncé la mise en place de nouveaux tarifs sur l’acier et l’aluminium en provenance du reste du monde. Le Canada et le Mexique ont obtenu une exemption temporaire jusqu’au 1er mai, mais pas la Chine. Ce dernier pays a donc décidé d’une première salve de tarifs sur 3 G$ de produits américains, incluant le porc, les fruits et l’acier. L’administration Trump a ensuite annoncé un nouveau tarif sur 60 G$ de produits chinois, notamment pour protester contre des infractions aux droits de propriété intellectuelle. La Chine est rapidement revenue à la charge avec des tarifs sur 50 G$ de produits américains, dont le soya et le bœuf. La question à plusieurs milliards de dollars est maintenant de savoir jusqu’où ira cette escalade que la Chine a décidé de porter devant l’Organisation mondiale du commerce. |