Régions 9 septembre 2014

Craquer pour l’alpaga!

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Tel que publié dans Nord-Est

CHARLEVOIX – Quand elle s’est lancée dans l’élevage d’alpagas, Nathalie Poirier, d’Alpagas Charlevoix, a d’abord acheté cinq femelles gestantes, puis, quelques mâles. Huit ans plus tard, ce sont cent un alpagas qui vivent dans sa ferme des Éboulements. « Non, 102, avec la petite née hier », corrige-t-elle avec un sourire.

LES ÉBOULEMENTS — Avant d’effectuer son retour à la terre, la néoagricultrice a voulu dénicher une production qui lui conviendrait et l’alpaga s’est rapidement imposé. « Je l’ai choisi pour sa rusticité, sa frugalité et son bon tempérament », explique-t-elle, vantant aussi la petite empreinte écologique et la discrétion du camélidé. « Les alpagas ne font pas de bruit! C’est l’élevage idéal », croit cette éleveuse convaincue.

En huit ans, Nathalie Poirier a suivi des dizaines de formations spécialisées et de séminaires pour améliorer la génétique de son troupeau, son occupation favorite. « Je développe mes connaissances au fur et à mesure. Quand on fait ses propres accouplements, on voit les résultats et c’est comme ça qu’on progresse », avance-t-elle. Son travail porte fruit. L’un de ses mâles, le jeune Zotz, de Charlevoix, s’est couvert de lauriers au Alpaca Ontario Spring Show (AOSS) récemment. « Son père, Natiqua, a reçu deux fois le prix du meilleur mâle reproducteur, le Get of Sire. Au AOSS, Zotz a été classé trois fois Suprême, ce qui en fait le “top” mâle de ce spectacle-là », se réjouit-elle.

Nathalie Poirier compte sur cinq mâles reproducteurs et une trentaine de femelles dont elle a développé le potentiel génétique au fil des ans. Tous sont enregistrés et possèdent un pedigree. Mais ce n’est pas tout. « Chaque année, pour chaque animal, on fait faire un histogramme de la fibre. La finesse, en microns, et plusieurs autres données, sont évaluées », explique-t-elle.

L’objectif ultime vise l’amélioration de la fibre, et les points à considérer avant de choisir quel mâle sera accouplé à quelle femelle s’avèrent nombreux. Les femelles ont un bébé par an et l’éleveuse leur donne une pause aux trois ans. « Ça peut prendre cinq ou six générations avant d’avoir une élite, un animal qui correspond aux standards d’excellence », confie Nathalie Poirier, stimulée par le défi. Les résultats de son jeune Zotz, né dans la ferme, l’enthousiasment : « Le juge a dit : “Si vous visez un type d’alpaga, cherchez ça!” »

Elle participe à environ quatre concours par an avec ses meilleures bêtes. « C’est là que tu vois si ce que tu fais est bon. Même tu ne te classes pas, le juge va te dire pourquoi. Ça te donne un nom et c’est bon pour vendre des sujets », explique-t-elle. Bien que le nombre d’éleveurs enregistrés au sein de l’Association Alpaga Québec soit passé d’une dizaine à près de 65 depuis 8 ans, la vente de sujets chez nous demeure marginale. « Mon gagne-pain, c’est la boutique. En ayant de bons alpagas, la fibre de nos produits est de grande qualité », avance celle qui vient de quintupler son espace de vente en l’aménageant dans les vastes combles de son étable. « Ici, la seule chose qu’on ne fait pas, c’est carder et filer, une tâche qu’on confie à un moulin en Alberta », explique-t-elle. Dès les écheveaux de laine livrés, les artisanes se mettent à l’œuvre.

Son entreprise se trouve à la croisée des chemins. « J’ai un problème d’approvisionnement! La solution consisterait à augmenter le troupeau, mais ça implique la construction de bâtiments. On est en réflexion », avance-t-elle. Le défi est d’autant plus grand qu’il n’existe pas de filière alpagas au Québec. « Je suis la représentante des productions « autre animal » au Syndicat de l’UPA de Charlevoix et aussi à celui de la Capitale-Nationale–Côte-Nord. On essaie de faire notre place dans le paysage. Pour l’instant, on n’a pas de filière, donc pas de subvention, pas d’assurance. Il y a de la place pour le développement et on aimerait être davantage reconnu », conclut-elle.