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OTTAWA — Dans un débat sur la gestion de l’offre où l’on s’attendait à des points de vue très opposés, les professeurs Maurice Doyon et Bruno Larue, de l’Université Laval, s’entendaient sur l’intérêt d’une certaine réforme de ce système.
« Un des plus gros problèmes, c’est que l’échange des quotas est inefficace », a affirmé Bruno Larue, professeur à l’Université Laval, dans un débat en anglais organisé par la Société canadienne d’agroéconomie le 25 janvier. Ce dernier préconise un échange interprovincial des quotas et la fin des plafonnements de leur prix. Il juge toutefois ces changements peu probables pour des raisons politiques.
« Il y a une différence entre dire qu’il y a un problème [avec la gestion de l’offre] et dire qu’on veut s’en débarrasser », a répondu Maurice Doyon, qui se disait d’accord sur plusieurs points avec son collègue de l’Université Laval, notamment avec l’échange interprovincial (P10) des quotas.
« Est-ce que les quotas de la croissance pourraient être alloués d’une autre façon, notamment aux plus jeunes? On doit se questionner sur ça comme société », a aussi soutenu Maurice Doyon.
Bruno Larue estime qu’il faudra « éventuellement » laisser aller la gestion de l’offre en raison des concessions dans les négociations commerciales à venir, dont celles de l’ALENA, mais qu’il est possible de l’améliorer d’ici là et de faciliter la transition.
Désaccords
Il y avait quand même des désaccords importants entre les deux professeurs. « Il y a moyen de déréglementer et d’avoir une industrie rayonnante », a lancé Bruno Larue, en citant l’exemple de la France dont les fermes sont de taille similaire à celles du Québec. « Cette politique [de la gestion de l’offre] nous enferme », ajoute le professeur Larue, qui estime que les détaillants canadiens ont « peu d’incitatifs pour se faire compétition sur le prix » dans le système actuel. « La raison qui fait que tout le monde est content, c’est le prix [des produits sous gestion de l’offre] », ajoute-t-il, en citant notamment l’exemple de contenants de 2 litres avec bouchon à 4,79 $.
Le professeur Doyon a expliqué que les producteurs résistent toujours fortement aux signaux de bas prix étant donné l’importance de l’investissement financier et personnel dans l’entreprise. Sans gestion de l’offre, ce comportement prolonge la surproduction générée par les prix élevés, même lorsqu’une crise et des prix plus bas surviennent. « Il y a des problèmes de marché et on a besoin d’une intervention », pense Maurice Doyon, qui fait valoir que les principes de la gestion de l’offre « fonctionnent » et que celle-ci tient d’ailleurs toujours le coup.