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Le commerce électronique ne cesse de croître, mais les géants du Web étrangers font peu de place aux produits et aux marchands du Québec. Le projet Rue principale tente de remédier à cela et les aliments pourraient s’y retrouver.
L’homme d’affaires Alexandre Taillefer propose de créer une sorte d’Amazon québécois qui regrouperait sous un identifiant unique l’offre la plus diversifiée possible en provenance du Québec.
« Le projet Rue Principale vise à profiter de la forte croissance des transactions d’achat en ligne et à freiner l’exode de nos dollars dépensés sur les plateformes américaines en offrant une alternative de qualité aux consommateurs québécois », a déclaré Alexandre Taillefer, associé principal de XPND Capital, lors d’une rencontre d’une centaine de commerçants et de médias à Montréal le 23 novembre.
« Il y a un problème d’indexation des produits locaux. Pour nous, la solution passe par une alliance », explique Nicolas Marin, directeur général au commerce électronique chez XPND Capital, en entrevue à La Terre. Ce dernier précise que la nouvelle plateforme, qu’il espère lancer en 2019, pourrait être une -coopérative. Notons qu’IGA et Courchesne Larose faisaient partie de la rencontre du 23 novembre.
L’alliance préconisée inclurait des détaillants, des médias et des entreprises de logistique. L’évaluation des coûts de lancement est pour le moment de 50 M$, principalement pour les deux entrepôts nécessaires. Sur le plan du transport, il serait possible de combiner les réseaux de différents détaillants. Un livreur de pièces automobiles, par exemple, pourrait intégrer certaines livraisons d’autres marchandises à sa route.
Nicolas Marin estime que 40 % des dollars des consommateurs québécois sur Internet sortent de la province. Il précise que le projet est à l’étape de la mobilisation et que la clé sera dans l’adhésion de plusieurs entreprises québécoises et dans le financement. Le gouvernement du Québec est déjà sensibilisé à ce projet, qui est embryonnaire pour le moment.
Aliments sur Internet
« On aimerait mettre des produits -alimentaires dans tout ça », explique Nicolas Marin, qui précise que des chaînes d’épiceries existantes pourraient participer à Rue principale, tout comme des transformateurs agroalimentaires dont les produits ne sont pas déjà distribués par les détaillants qui seront membres. Il serait donc possible pour un petit transformateur agroalimentaire régional de profiter de cette plateforme et de la logistique qui l’accompagnerait.
Le directeur au commerce électronique envisage même d’installer des casiers réfrigérés dans des endroits passants comme les gares afin que les consommateurs puissent ramasser leur commande sans faire de détour. La marchandise pourrait aussi partir de certains magasins à proximité du client qui commande.
« La proximité devrait être un avantage [sur les plateformes de l’extérieur du Québec] », ajoute Nicolas Marin, qui pense que les produits offerts au Québec peuvent supporter la concurrence avec ceux des plateformes Web externes. « Ce n’est pas plus cher ici. C’est une perception », assure Nicolas Marin.
« Une plateforme québécoise pourrait faire valoir nos produits et leur donner une vitrine », a mentionné Charles-Félix Ross, directeur général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), qui n’avait cependant pas eu accès aux détails du projet.
Défi de rentabilité Le spécialiste du commerce électronique Alain Dumas, ancien de Sobeys et maintenant à l’Aubainerie, met en garde contre la difficulté de rentabiliser la vente d’aliments sur Internet considérant les marges déjà serrées de moins de 2 % des détaillants d’ici. Il estime qu’Internet a déjà contribué à la « fragmentation » du marché alimentaire avec d’autres nouvelles tendances, comme Goodfood et ses menus préparés. Le professionnel du marketing, qui était présent au dernier Porc Show, souligne qu’une multitude de formules de vente d’aliments en ligne, notamment en Europe, perdent parfois de vue la nécessité d’avoir une formule rentable. Un des joueurs profitables, Ocado.com en Grande-Bretagne, a commencé à faire des profits seulement après 10 ans et plusieurs innovations logistiques. |