Vie rurale 9 septembre 2014

Abitibi-Témiscamingue, une agriculture jeune pleine de potentiel

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Abitibi-Témiscamingue. La seule mention de ce nom suffit pour imaginer des forêts d’épinettes à perte de vue et de vastes étendues d’eau. Pourtant, cette région cache aussi une agriculture de grands espaces.

Dans le grand livre de l’histoire agricole du Québec, le chapitre de l’Abitibi-Témiscamingue est somme toute récent. Ainsi, entre 1886 et 1910, l’arrivée des premières familles de colons marque le début de l’agriculture pionnière au Témiscamingue, raconte l’historien Marc Riopel.

Au nord, la colonisation de l’Abitibi s’amorce quelques années plus tard. À force de labeur, le colon devient agriculteur. Il possède une petite ferme et un modeste troupeau d’animaux pour faire vivre sa famille, dépeint M. Riopel. La crise économique de 1929 donnera un nouvel essor à la colonisation de la région. Les chômeurs quittent la ville pour l’Abitibi, leur terre promise.

Une terre de gumbo, « cette argile lourde caractéristique de certains sols de l’Abitibi », comme l’explique Pierre Saucier dans son livre, Gérard Saucier, sur les traces d’un bâtisseur en Abitibi. D’ailleurs, la région possède l’une des plus grandes réserves de terres argileuses en Amérique du Nord. Tout au long de la première moitié du 20e siècle, l’agriculture régionale se modernise.

Dans les années 60, la Loi sur l’aménagement rural et le développement agricole (ARDA) tente d’insuffler un élan au secteur agricole. Le programme propose de concentrer la production laitière dans 18 paroisses, la production de viande dans 37 autres et le reboisement de 43 paroisses, selon l’historien Riopel. Malgré l’échec du plan, l’agriculture régionale s’intensifie.

Puis, il y a une vingtaine d’années, la production bovine connaît un essor déterminant. Certains villages comme Dupuy, près de La Sarre, revendiquent alors le titre de capitale du bœuf du Québec! Aujourd’hui, la région regroupe 636 entreprises agricoles. Principale production, le bœuf regroupe plus de 300 fermes bovines représentant 12 % des vaches de boucherie de toute la province.

La production laitière arrive tout juste derrière, suivie par la culture de céréales. Cette dernière occupe 201 711 ha. Détail intéressant, la superficie moyenne des entreprises abitibi-témiscamiennes est de plus du double de la moyenne des entreprises québécoises (285 ha contre 113 ha). Une situation qui s’explique par un mode de production extensif et un coût des terres plus abordable que dans le « sud ».

Au Témiscamingue, les terres sablonneuses se prêtent aux cultures maraîchères, tout particulièrement celle de la pomme de terre.

Les fermes de la région se distinguent également en environnement. En effet, 35 % d’entre elles participent aux clubs agroenvironnementaux, comparativement à une moyenne de
28 % au Québec, souligne la Fédération de l’UPA de l’Abitibi-Témiscamingue.

Au chapitre des revenus, les fermes de la région engrangent des recettes totales de 126 M$ pour quelque 1500 emplois directs. Comme le souligne le ministère de l’Agriculture du Québec, la terre est ancienne, mais l’Abitibi-Témiscamingue est une région encore jeune dont le potentiel bioalimentaire considérable doit être mis à profit!