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Le cinéaste Simon Rodrigue a voulu raconter leur histoire…
Simon Rodrigue était fasciné par la force de caractère et la capacité de travail des bûcherons; de ces hommes qui passaient des hivers entiers dans le bois pour gagner leur vie à la dure, dans des conditions pour le moins difficiles. Il a voulu raconter leur histoire; il en a fait un documentaire émouvant qui se regarde et qui s’écoute comme le bruit du godendard sur un chêne à abattre à l’huile de bras.
« J’ai voulu donner la parole aux bûcherons pour que personne n’oublie ce qu’ils ont accompli au cours de leur vie », explique le jeune cinéaste, âgé de 28 ans, qui a une formation en… anthropologie. Dans le film « Hommes-des-Bois » (Bûcherons de chantier), il laisse parler un groupe d’hommes âgés de 65 à 85 ans en utilisant un décor où ils sont dans leur élément. Le film sur les chantiers forestiers des années 59 et 60 a été tourné en Mauricie, à Grande-Piles, sur la route de La Tuque, dans un village forestier devenu un musée forestier.
Les témoignages sont prenants. Tout de suite on rentre dans la peau des personnages, plus vivants que nature, qui vous expliquent avec moult détails, et avec des expressions sublimes, comment ils vivaient dans le bois, comment ils maniaient la sciotte et le godendard, parfois avec difficulté, mais toujours avec à l’esprit que c’était là leur gagne-pain. Mais attention : les bûcherons gagnaient des salaires de misère, et ils étaient souvent payés à la corde de bois coupée, ce qui représentait un salaire par jour de 5 $, nourri et logé!
Simon Rodrigue n’a pas voulu faire un film engagé, encore moins un film inspiré des messages politiques qu’on retrouve dans les documentaires-chocs de Richard Desjardins, L’Erreur boréale ou, plus récemment, Trou Story. « J’ai voulu montrer comment ça se passait dans la forêt. Je ne voulais pas que leur mémoire s’efface sur les traces de la machinerie, qui a transformé leur travail et qui a mis fin au règne de ces hommes de tempérament », dit-il.
Parce qu’en toile de fond, on découvre que ces bûcherons qui se racontent dans le documentaire étaient des hommes déterminés, passionnés même, mais qui savaient aussi reconnaître que leur quotidien dans le bois était exigeant. L’éloignement, la vie dans les camps, le froid, la neige, tous ces éléments-là augmentaient le niveau de difficulté.
Pour donner de la vie à ce film à voir, il a puisé dans la banque à images de l’ONF… et il a avancé lui-même beaucoup d’argent. « J’avais un budget de 100 000 $. J’ai amassé 60 000 $ de diverses façons, mais j’ai avancé les 40 000 $ manquants. Je n’ai pas fait ce film pour faire de l’argent, sinon j’aurais mis fin à l’aventure rapidement! » dit le cinéaste.
Et pour mettre tout cela en musique, il a produit un CD de chansons traditionnelles avec l’apport de musiciens de Lanaudière et de la Mauricie. L’album de contes et chansons de bûcherons s’est vendu jusqu’à présent à 500 exemplaires, au coût de 20 $.