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TROIS-RIVIÈRES — Pour expliquer ses déboires, Olivier Charrière soutient avoir affronté de nombreuses embûches et imprévus qui ont retardé le lancement, en 2007, des activités des Élévateurs de la Rive-Nord, à Sainte-Geneviève-de-Batiscan en Mauricie. Ces revers, ainsi que sa méconnaissance de la comptabilité, auraient contribué à ses difficultés financières.
L’homme de 34 ans témoignait à son procès devant jury au palais de justice de Trois-Rivières. Il doit répondre de nombreux chefs d’accusation de fraude et vol de plus de 800 000 $ pour avoir vendu les stocks de grains que lui avaient confiés de nombreux agriculteurs sans leur verser les recettes des ventes et pour avoir utilisé les fonds de son entreprise afin d’acquérir des immeubles personnels.
Dernier témoin
Olivier Charrière a été le dernier témoin entendu par la défense. En réponse aux questions de son avocat, Me Miguel Mpetsi Lemelin, il a raconté aux 12 jurés les circonstances du lancement de son entreprise de traitement des grains, les embûches qu’il a rencontrées et les investissements immobiliers personnels qu’il a faits avec des fonds de son entreprise.
Problèmes mécaniques, nettoyage plus important que prévu, performances inférieures aux attentes des installations de séchage et travaux correctifs auraient alors grugé temps et argent, en plus de retarder le lancement de ses activités à l’automne 2007.
Quelques mois plus tard, au printemps 2008, il aurait acquis la conviction de devoir acheter le centre de traitement des grains, dont il était jusque-là locataire, pour y réaliser des travaux de modernisation et ainsi mieux contrôler le développement de l’entreprise.
Son témoignage a permis d’apprendre que dès les premiers mois d’activité, des fournisseurs ont été incapables d’encaisser les chèques de l’entreprise. L’accusé a soutenu que les opérations courantes étaient alors assumées par une employée. « Elle préparait les chèques et je les signais, a-t-il dit. […] Chaque mois, je recevais un bilan pour avoir un portrait de notre situation. »
Lorsque le compte de l’entreprise était à découvert, son institution financière le contactait pour l’inviter à déposer rapidement des fonds.
De son propre aveu, ses compétences en matière de comptabilité étaient lacunaires. « Ma force, c’est sûr, c’est pas les états financiers », a-t-il lancé.
À plusieurs reprises au cours de l’automne 2008 et du printemps 2009, des producteurs agricoles ont été incapables d’encaisser les chèques de l’entreprise, et plusieurs ont tenté sans succès de joindre Olivier Charrière. « Ce n’était pas très intéressant, ce qu’on me disait, a-t-il expliqué. Je filtrais donc les appels et je préférais répondre par courriel. »
En ce qui concerne l’utilisation de 100 000 $ provenant de l’entreprise pour l’acquisition d’une résidence personnelle à Trois-Rivières et de 60 000 $ pour l’achat d’un immeuble locatif à Saint-Boniface, l’accusé a soutenu que la provenance de ces fonds était bien connue de ses créanciers, des institutions du Mouvement Desjardins qui en avaient approuvé les transferts. Ces transactions ont été effectuées à l’automne 2008.
Les procédures vont se poursuivre avec les plaidoyers des procureurs, après quoi le jury sera séquestré.
Le père, possiblement parmi les victimes Le nom de Benoit Charrière pourrait figurer parmi ceux des victimes de la débâcle en 2009 de l’entreprise Élévateurs de la Rive-Nord, de Sainte-Geneviève-de-Batiscan. Le père de l’accusé, lui-même producteur agricole, aurait perdu environ 230 000 $ dans la faillite de l’entreprise de son fils, Olivier Charrière. Benoît Charrière a été le premier témoin appelé à la barre par la défense. Dans son témoignage, il a expliqué avoir cautionné son fils et donné une terre en garantie, notamment pour un prêt destiné à financer l’achat d’un séchoir plus performant et pour le versement de la caution exigée par la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec pour l’exploitation du centre. « Je trouvais que l’achat d’un nouveau séchoir était une bonne affaire, a-t-il expliqué devant les 12 jurés. C’est un investissement qui permettait d’augmenter les performances de l’entreprise. » M. Charrière a été mis au fait des difficultés de l’entreprise de son fils en 2009, le jour de la fête des Pères, par un appel téléphonique d’un producteur agricole incapable d’encaisser le chèque émis par les Élévateurs de la Rive-Nord. Il s’est aussitôt rendu au centre de traitement des grains afin de discuter de la question avec son fils, mais sans obtenir réponse à toutes ses questions. Questionné par Me Julien Beauchamp-Laliberté en contre-interrogatoire, il a reconnu que cet épisode avait entraîné la rupture des relations avec son fils pendant presque deux ans. Ébranlé par l’émotion, M. Charrière a été incapable de préciser à quel moment leurs relations s’étaient rétablies, ni dans quelles circonstances. |